Si l'on part du bas de l'échelle, deux financières ferment la marche, avec un -26% pour BNP Paribas et un -11% pour Axa. Les résultats de la première banque française ont déçu et son projet de moyen terme a été contrarié par un redéploiement compliqué des ressources dans la banque d'investissement. Mais tout n'est pas noir. "BNP reste l'un des dossiers parmi les plus robustes et les plus liquides pour jouer les financières européennes, mais il est aussi très sensible aux inquiétudes concernant la zone euro", souligne Maxence Le Gouvello Du Timat, qui suit le secteur chez Jefferies. "L'exposition du groupe à l'Italie et à la Turquie pourrait rester une source de préoccupation pour les investisseurs, même si, avec un coût des capitaux propres implicite supérieur à 15% contre 10% début janvier, je pense que cette inquiétude est dans les cours". Pour Axa, la baisse date du début de l'année et demeure lieu au scepticisme du marché vis-à-vis de l'acquisition de XL Group aux Etats-Unis. L'assureur aura sans doute l'occasion de faire taire ses détracteurs le 28 novembre prochain lors d'une journée de présentation stratégique très attendue.
 
L'autre paire de baisses concerne Vinci (-8%) et Danone (-6,7%). Le groupe de BTP a pâti de l'attentisme lié à la privatisation d'Aéroports de Paris, un dossier qui lui semble promis puisque Vinci est à la fois actionnaire et opérateur d'aéroports. Mais tant qu'un calendrier et qu'un prix n'auront pas été fixés, une certaine prudence devrait dominer, d'autant que Bouygues a semé le trouble en octobre en abaissant les prévisions de sa branche construction.
 
Danone est pour sa part encore dans une phase transitoire, en attendant que les efforts de rationalisation accomplis au cours des derniers trimestres portent leurs fruits… et convainquent les investisseurs. "La réputation a la vie dure", estime Andy Wood, Chez Bernstein, qui pense malgré tout que les efforts vont payer et que le dossier est mal valorisé.
 
Luxe, calme et volupté
 
Passons aux progressions. La longueur des cycles aéronautiques a poussé les investisseurs à se réfugier sur des dossiers comme Airbus (+15%) et Safran (+29%), qui peuvent compter sur l'épaisseur de leur carnet de commandes pour amortir les trous d'air. Mais c'est l'inattendu Electricité de France qui domine les débats des "big caps" en 2018, avec un gain de 47%. Un cocktail favorable est à l'origine de cette impressionnante remontée, dont les ingrédients ont été développés dans cette rubrique la semaine dernière. Malgré quelques soubresauts, le luxe et les valeurs apparentées tiennent bon avec un tir groupé allant de L'Oréal (+12%) à Kering (+1,2%) en passant par Hermès (+11%), LVMH (+9%) et EssilorLuxottica (+4,1%, qui a une composante luxe marquée depuis la fusion).
 
Pour terminer ce palmarès des grosses capitalisations, on retrouve trois valeurs "tout-terrain", qui ont profité d'un terreau favorable à leurs profils défensifs. C'est le cas de Sanofi (+11%), porté par le double atout de faire partie d'un secteur refuge et d'avoir renversé la vapeur après une passe plus compliquée. "Avec des leviers et des catalyseurs en oncologie, du potentiel sur Praluent et une action qui se paie 10% de moins que la moyenne du secteur pour une croissance identique, je continue à apprécier Sanofi", résume l'analyste de Liberum Roger Franklin. Hausse du pétrole et solides résultats obligent, Total (+8%) a bien traversé les turbulences 2018. La major pétrolière a réduit son point mort à des niveaux records et promis de redistribuer davantage à ses actionnaires, un discours qui porte dans les marchés actuels.

Enfin, Air Liquide grappille 1% sur ses cours du 1er janvier. Le spécialiste des gaz industriels, leader sur un marché oligopolistique, confirme son appartenance à la catégorie "valeur de bon père de famille". Lors de la conférence de présentation de ses trimestriels fin octobre, il s'est voulu rassurant. "Par contraste avec le sentiment général de marché et les avertissements lancés par des sociétés des secteurs automobile, industriel et de l'acier, Air Liquide reste confiant et n'a pas constaté de signes de ralentissement", rappelait-on chez Baader Helvea à cette occasion, l'analyste Markus Mayer restant acheteur de l'action.
 
Ce bon comportement des gros dossiers est l'une des caractéristiques du millésime boursier 2018. Il fait écho à la sousperformance des valeurs moyennes, qui glissent de leur piédestal après avoir connu plusieurs périodes de hausse relative favorable depuis la fin de la crise des subprimes.