Paris (awp/afp) - S'accrochant à l'espoir suscité par la mobilisation massive des banques centrales et des gouvernements pour contrer le coronavirus, les marchés tentaient de poursuivre vendredi leur rebond de la veille, rompant avec un début de semaine épouvantable.

En Asie, les places boursières se sont inscrites dans le sillage de la remontée de Wall Street jeudi soir. Et l'Europe prenait le même cap positif: Paris et Francfort ont pris plus de 5% à l'ouverture et Londres quasiment 5% aussi.

Dans les premiers échanges, Milan gagnait également près de 3% et Madrid un peu plus de 3%.

Principal bénéficiaire du bazooka monétaire, le marché de la dette n'était pas en reste, la détente étant au rendez-vous pour presque tous les pays, à commencer par l'Italie, offrant une bouffée d'air frais aux États mais également à tout le système financier.

"Les dernières mesures des banques centrales et des gouvernements, largement supérieures dans leur ampleur à celles prises initialement, ont un effet stabilisateur sur les marchés financiers" et permettent un "rebond ce matin", souligne Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

La situation reste éminemment critique, avec un bilan toujours plus lourd proche du seuil psychologique des 10.000 victimes et un renforcement constant des mesures de précaution, comme en Californie ou en Argentine, où a été décrété le confinement "préventif et obligatoire" de la population.

Face à cette catastrophe planétaire, aucune autorité ne lésine non plus sur les moyens déployés, qui se chiffrent en centaines de milliards. D'abord insensibles à ces montants vertigineux, les marchés commencent doucement à se rassurer.

Le fait que le président américain Donald Trump vante jeudi le recours à la chloroquine, un antipaludéen, comme possible traitement pour le coronavirus, après des résultats encourageants en Chine et en France, offrait également un soutien conséquent aux places financières.

Banques centrales et gouvernements annoncent les uns après les autres des programmes de grande ampleur, pour éviter la récession économique et l'effondrement des marchés.

Les Républicains du Sénat américain ont ainsi présenté jeudi un paquet d'aide d'environ 1.000 milliards de dollars pour sauver l'économie américaine alors que 70.000 personnes ont été licenciées en une seule semaine à travers les États-Unis.

Après les mesures radicales de la Fed, la BCE a aussi sorti mercredi la grosse artillerie avec un plan d'"urgence" de 750 milliards d'euros de rachats de dettes publiques et privées.

Cela s'ajoute à une première enveloppe de 120 milliards d'euros déjà débloquée et au programme habituel de rachats d'actifs de 20 milliards d'euros mené par l'institution.

Attention, sorcières à l'horizon

Dans ce contexte, le dollar était recherché, au détriment de l'euro tombé jeudi à son plus bas niveau en trois ans face à la monnaie américaine, rien ne semblant pouvoir calmer la ruée des investisseurs vers le billet vert.

Quand le secteur aérien est touché de plein fouet, la distribution, elle, tourne à plein régime. Au point que la chaîne de distribution américaine Walmart va verser 365 millions de dollars en bonus à ses employés payés à l'heure, comme les caissiers, et embaucher 150.000 personnes pour faire face à la demande accrue.

L'industrie pétrolière, également fortement fragilisée, profitait vendredi de la remontée des cours du brut alors que le baril de pétrole new-yorkais s'est envolé de près de 24% jeudi, compensant presque toutes ses pertes de la veille grâce aux mesures de relance, à une chasse aux bonnes affaires et à des signes d'apaisement dans la guerre des prix entre Moscou et Ryad.

"Mais cette séance a tout du piège: c'est une séance +des 4 sorcières+, c'est-à-dire d'échéances des contrats mensuels et trimestriels sur les options et +futures+ (contrats à terme NDLR), ce qui promet de la volatilité et des volumes élevés dans le contexte actuel", avertit toutefois M. Le Liboux.

Et à la veille du week-end, et face à la progression rapide de la pandémie, "de manière générale, les marchés actions, même en cas de rebond à très court terme, devraient rester sous très forte pression", selon lui.

"A ce stade, en particulier aux États-Unis, la Bourse a nettement moins baissé que lors de la crise de 2008-2009. Mais il est vrai cependant que la baisse est beaucoup plus rapide cette année et que les marchés n'ont pas encore été en mesure de rebondir plus de deux séances à la suite".

afp/al