Paris (awp/afp) - Séance plutôt animée sur les places boursières: les marchés mondiaux ont changé de direction à plusieurs reprises ce jeudi, tiraillés entre l'explosion des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis et l'envolée des prix du pétrole.

Les investisseurs ont finalement préféré céder à l'optimisme en se focalisant sur le pétrole, dont les prix ont flambé en fin d'après-midi après un tweet de Donald Trump.

Le président américain a indiqué s'attendre à une réduction "d'environ 10 millions de barils", voire plus, de la production russe et saoudienne, de quoi limiter le déséquilibre actuel du marché de l'or noir et soutenir les marchés boursiers.

Paris a ainsi terminé en petite hausse (+0,30%), tout comme Francfort (+0,27%) et Londres (+0,47%). La Bourse de Milan a même bondi de 1,75%, mais celle de Madrid est restée sur un très léger recul (-0,08%). A Zurich, le SMI a fini en hausse de 1,1%.

"Le rebond du pétrole est un facteur de soutien sur les indices", a observé Yann Azuelos, gestionnaire de portefeuille à Mirabaud France, interrogé par l'AFP. Selon lui, ces oscillations de volatilité, qui sont "extrêmement liées à la propagation du virus et au pétrole, ne vont pas s'arrêter".

Elles vont même être "de plus en plus importantes au fur et à mesure que les entreprises vont être amenées à suspendre leurs prévisions de bénéfices et même de dividendes", a ajouté l'expert.

Les indices européens avaient démarré la journée par un timide rebond, avant de replonger dans le rouge face au record historique de nouvelles demandes hebdomadaires d'allocations chômage enregistrées aux Etats-Unis la semaine passée, à 6,6 millions, du jamais vu.

C'est le double de la semaine précédente, qui avait enregistré 3,3 millions de nouveaux demandeurs d'allocations chômage, déjà un record historique.

L'inquiétude avait aussi dans un premier temps dominé Wall Street. Mais à la faveur du pétrole, la Bourse de New York se ressaisissait. Vers 17H25 GMT (19H25 à Paris), le Dow Jones progressait de 0,69%, le S&P 500 de 1,00% et le Nasdaq de 0,66%.

Le nouveau coronavirus poursuivait, lui, sa course cruelle. Au moins 944.032 cas d'infection, parmi lesquels 47.993 décès, ont été détectés dans 187 pays et territoires, selon un comptage réalisé par l'AFP à partir de sources officielles jeudi à 11H00 GMT.

Plus de 500.000 contaminations ont été recensées en Europe, soit plus de la moitié des cas mondiaux.

L'inconnue américaine

Les taux souverains ont encore une fois terminé stables, le marché de la dette ayant été l'un des premiers bénéficiaires des plans de soutien des banques centrales.

Mais sur l'ensemble de la semaine, "la dette américaine est très recherchée, les taux américains ayant baissé de 10 points de base", tandis qu'à l'inverse, nous avons "eu une petite tension sur la dette française, repassée en territoire positif, et même sur la dette allemande", remarque Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance.

Sur le marché des changes, l'euro continuait toujours à reculer face au dollar, malgré le chiffre des demandes d'allocations chômage aux Etats-Unis.

Si le pic de l'épidémie pourrait bientôt être atteint en Europe, la propagation du coronavirus aux Etats-Unis, appelés à devenir le nouvel épicentre de la pandémie avec déjà plus de 200.000 cas et 5.000 décès, focalise ces derniers jours l'attention des investisseurs.

"Sur la partie épidémique, coeur de la crise, ce qui pose effectivement question, c'est d'abord les Etats-Unis" qui "seulement à partir de maintenant ont véritablement une espèce d'homogénéité d'approche pour contrôler l'épidémie", l'Etat de Floride venant de se résoudre au confinement, avance auprès de l'AFP M. Galand.

"Nous allons traverser deux semaines très très douloureuses", a déclaré Donald Trump lors d'une conférence de presse. Selon les projections de la Maison Blanche, le Covid-19 devrait faire entre 100.000 et 240.000 morts aux Etats-Unis.

Et "la deuxième inconnue, c'est de savoir si on va avoir de mauvaises surprises en Chine avec la province de Henan (centre-est de la Chine) qui est depuis hier sous confinement", a relevé M. Galand.

afp/rp