Paris (awp/afp) - Restés de marbre lundi après les annonces spectaculaires de la Réserve fédérale américaine (Fed), les marchés ont finalement choisi de voir le verre à moitié plein mardi, rebondissant nettement tandis que des nouvelles un peu meilleures parvenaient du front sanitaire.

Portées par la vigueur des Bourses asiatiques, qui ont clôturé mardi sur des hausses allant de 2% à plus de 4%, Tokyo s'envolant même de quelque 7%, les principales places européennes se sont elles aussi reprises.

Vers 12H00 GMT, Paris progressait de 4,56%, Londres de 4,47% et Francfort de 6,53%. L'optimisme était également de mise à Milan (+5,87%) et Madrid (+5,05%). A Zurich. le SMI remontait de 4,99%.

Et Wall Street affichait des prédispositions tout aussi favorables: le contrat à terme sur l'indice vedette Dow Jones Industrial Average montait de 4,55%, celui de l'indice élargi S&P 500 de 4,76% et celui du Nasdaq, à forte coloration technologique, de 4,43%.

"Avec un temps de retard, ce (mardi) matin, et dans le sillage des marchés asiatiques, les marchés européens rebondissent fortement, saluant le programme d'achat d'actifs élargi et sans limite annoncé par la Fed hier, destiné à limiter l'impact de la crise sanitaire sur l'économie", souligne dans une note Franklin Pichard, directeur général de Kiplink Finance.

La Banque centrale américaine a annoncé lundi une nouvelle salve de mesures - dont l'achat illimité d'obligations ainsi que divers mécanismes d'aide directe aux entreprises, y compris les PME - pour préserver la première économie du monde des conséquences de la pandémie de Covid-19.

Les mesures ont aussi permis aux prix du pétrole de s'afficher en hausse mardi: le baril de Brent de la mer du Nord progressait de 2,92% vers 12H00 GMT et le baril américain de WTI de 2,44%.

En revanche, le dollar pâtissait face aux principales devises des annonces de la Banque centrale américaine. L'euro gagnait 1,04% face au billet vert.

"La méfiance des investisseurs vient du fait que le renforcement du QE ("quantitative easing", le nom donné aux programmes de rachats d'actifs des banques centrales, NDLR) de la Fed ne suffira pas à lui seul à relancer durablement des marchés financiers qui ont perdu plus de 30% de leur valeur en un mois, d'autant que les sénateurs américains ont échoué à deux reprises à s'entendre sur un ensemble de mesures de soutien à l'économie", ajoute M. Pichard.

Le fait que les élus démocrates ont, dimanche puis lundi, rejeté les mesures des Républicains visant à mobiliser près de 2.000 milliards de dollars avait pesé sur les indices boursiers lundi. Mais les discussions se poursuivaient en coulisses entre les deux camps pour tenter de parvenir à un vote au Sénat mardi.

Confinement britannique

Alors que plus de 1,7 milliard d'habitants sont confinés et que le bilan de la pandémie approche les 17.000 morts, le FMI a prévenu que la récession mondiale pourrait être pire cette année que pendant la crise financière de 2008.

En témoigne ce mardi l'effondrement de l'activité du secteur privé en mars dans la zone euro, à un rythme "sans précédent", selon la première estimation de l'indice PMI composite du cabinet Markit.

Cependant, "les signes d'amélioration à Wuhan", où les restrictions aux déplacements seront levées le 8 avril, "ou en Italie", qui a enregistré lundi une deuxième baisse consécutive du nombre de morts et de nouveaux cas positifs, "pourraient aider les marchés à se projeter" même si "de nombreux pays sont encore loin du pic épidémique", juge Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.

Ailleurs dans le monde, les mesures de confinement se renforcent. Le Royaume-Uni a notamment décrété lundi un confinement de la population pour au moins trois semaines.

Le marché de la dette, après une séance calme lundi, restait stable. Les taux connaissent "un équilibre instable" entre "deux forces contradictoires", explique auprès de l'AFP Eric Bourguignon, membre du directoire de Swiss Life AM France.

"La balance des dépenses publiques, qui entraîne des anticipations d'augmentations d'émissions (de dette) colossales" et "l'inquiétude sur la santé des entreprises" poussent les taux et les spreads (écarts entre les taux, NDLR) à la hausse, détaille-t-il.

"Mais ces effets sont compensés par la politique des banques centrales qui déploient des moyens phénoménaux tous les jours", complète-t-il.

afp/rp