Le contexte : la panique emporte les marchés d’actions, toutes capitalisations confondues

Comme le résume Hugo Mas, gérant chez Erasmus Gestion, "la propagation du Coronavirus est le cygne noir des marchés actions et créé un choc d’offre inattendu. Ses répercussions sur la croissance mondiale ne sont à ce jour pas bien quantifiées" et les investisseurs détestant l’incertitude, la baisse a, jusqu’à la mi-mars, touché indifféremment les petites valeurs et les grandes valeurs. Cependant, depuis vendredi 13 mars, les petites et moyennes valeurs semblent un peu plus atteintes. De taille plus modeste, moins diversifiées internationalement et moins liquides, elles pourraient être plus touchées par un arrêt brutal des économies européennes.

Dans son reporting, Hugo Mas notait début mars que le "TINA  (There Is No Alternative) avait été mis à mal ce mois-ci" alors que la dernière semaine de février, la place parisienne avait connu sa pire baisse hebdomadaire depuis douze ans : -12%. Elle a fait encore pire la semaine dernière :  -19,86% pour le CAC 40.

Selon Jean-François Delcaire, gérant chez HMG, "l’impact émotionnel lié au risque d’épidémie de coronavirus n’a été qu’un prétexte pour des prises de profits appuyées, dans un marché boursier qui avait certainement besoin de ‘souffler’."

Les gérants d’Amplegest remarquent d’ailleurs que le marché a fait peu d’exceptions et les investisseurs rencontrent beaucoup de difficultés à faire le tri. "Le stock-picking nous semble plus que jamais important" notent les gérants d’Arbevel, "les différents enjeux actuels à la fois macroéconomiques, technologiques et sociétaux vont créer de réelles fractures entre des sociétés de même secteur. De plus, et même si cela n’est pas une fin en soi, nous continuons de penser que les niveaux attractifs des taux de crédit devraient supporter des opérations de M&A dont les petites valeurs de qualités seront la cible" ajoutent-ils.

Nous faisons ici un point sur les contre-performances des indices small et mid caps à la mi-séance du lundi 16 mars 2020 alors que le CAC Small 90 abandonne encore environ 11% (contre environ 9% pour le CAC à 11h30), sachant que quelques très petites valeurs n’avaient pas encore réussi à coter.

Sur les 5 dernières années, la surperformance des petites valeurs a quasiment disparue :

Sur les 5 dernières années, la surperformance des petites valeurs a quasiment disparu :

Sur les 5 dernières années, la surperformance des petites valeurs a quasiment disparu

Sur les 10 dernières années, les petites et moyennes valeurs restent en situation de sous-performance, au détail près que ces indices comptabilisent la performance nue, c’est-à-dire sans tenir compte des dividendes versés par les sociétés, qui sont plus importants pour le CAC 40.

Sur 10 ans...

Quid de la décollecte des fonds ? Elle a repris, mais reste modérée, pour l’instant.

Source Portzamparc

Source : Portzamparc


Revue des meilleurs fonds Small Caps à fin janvier 2020

(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique.

Les fonds vedette

De façon générale, nous remarquons :

  • Une performance moyenne de la sélection depuis le début de l’année en ligne avec les indices CAC Mid & Small et CAC Small.
  • Un taux d’investissement moyen stable de l’ordre de 95% pour un nombre moyen de valeurs en portefeuille toujours autour de 55.
  • La prédominance des secteurs IT/Santé/Industries dans cette sélection, et des valeurs de croissance en général.

De façon plus particulière, nous notons :

  • Avec une baisse de 5% sur le mois et depuis le début de l’année, le fonds Echiquier Entrepreneurs a bien résisté "grâce à son niveau de liquidités de 17%, à son positionnement sur des valeurs plus résilientes et  à  plusieurs  bonnes publications  de  résultats  (NeoenHellofresh, Addlife...)". L’annonce d’une OPA sur EOS Imaging, dont le cours s’était effondré ces dernières années, a également amorti le choc. Le fonds a investi une toute partie des liquidités, notamment en initiant une ligne en Bonesupport. Cette medtech suédoise commercialise Cerament, un  substitut  de  greffe osseuse synthétique, substitut aux greffes osseuses naturelles. Un marché de 600 M$ sur lequel la solution de Bone Support pourrait intéresser les grands acteurs de l’orthopédie indique les gérants.
  • Le fonds Tiepolo PME juge que le marché manque de discernement et saisit des opportunités d’achat sur des valeurs de croissance raisonnablement valorisées comme Solutions 30, Delta Plus et Vente-Unique.com. A contrario, le fonds a pris dés bénéfices sur des sociétés dont le cours se montrait résilient comme Microwave Vision (1ère position du fonds), Steico et Robertet (3e position du fonds). Le gérant du fonds souligne la forte progression (+24,6%) du cours de la société de logiciels de simulation ESI Group, de nouveau en croissance organique (+5,6%) au dernier trimestre.
  • La hausse à contre-courant d’ESI Group a également profité au FCP Découvertes de la société de gestion HMG, qui pointe "les transactions sectorielles faisant ressortir des multiples de valorisation très supérieurs à ceux d’ESI : LSTC (véritable comparable d’ESI) racheté par Ansysen septembre à 11,9x le C.A. en valeur d’entreprise ; ce mois-ci, RIB Software racheté par Schneider Electric à 6,5x (ESI n’en vaut que 1,7x)". A noter que cette dernière transaction crédibilise l’investissement du fonds dans IGE+XAO, 1ère ligne du fonds. Le fonds a également profité d’une OPA sur une filiale belge du groupe Dassault, la Société Anonyme Belge de Constructions Aéronautiques (SABCA), avec une prime de 49%. A contrario, Jean-François Delcaire a fini par jeter l’éponge sur sa très petite ligne en Technicolor, en chute à l’annonce d’un projet de renforcement massif de ses fonds propres. Mersen a également été cédée. A noter l’entrée dans le fonds d’un dossier bien connu et peu value quoique controversé : Eurofins Scientific. Un exemple, tout comme Spie ou NRJ Group, de valeur peu exposée au cycle que recherche actuellement le gérant.
  • Une fois n’est pas coutume, Patrice Piadé a entré une nouvelle valeur dans son fonds Amundi Europe Microcaps : Ekinops, le spécialiste des équipements de réseaux destinés aux opérateurs télécoms. "Le groupe jouit d’une position de leader grâce à une offre intégrée proposant des services de transport optique haut débit et haute vitesse via la plateforme Ekinops 360 ainsi que des solutions réseaux virtualisés d’entreprise One Access. La société pourrait également profiter de synergies commerciales avec l’opérateur Orange" note sobrement le gérant.

Ekinops est une conviction part le gérant interviewé ce mois-ci, Daniel Dourmap. Il vient également de rentrer l’équipementier télécom dans son fonds Ostrum Actions Euro PME qui intègre ce mois-ci notre sélection de 12 fonds small caps. 


Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la douzaine de fonds de petites valeurs sélectionnés.

Les fonds sélectionnés

Les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds).

On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au doubles (80 valeurs).

GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

  • Le style de Gestion "Croissance" ou "Growth" privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe. Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Eurofins, Orpéa, Interparfums …Typiquement, leur PER dépasse les 20x.
  • Le style de Gestion "Valeur" ou "Value" privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe. Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Quadient, Hexaôm, Plastivaloire, ALD, Ipsos … Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.
  • Le style de Gestion "GARP" ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix. Ex. de valeur : Figeac Aéro, SII, Vétoquinol … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : "Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire."