"Comment analysez-vous le rebond des marchés actions européens depuis un mois ?
Nous sommes dans une phase haussière puissante, avec plusieurs résistances majeures franchies par l'Euro Stoxx 50 et le Dax. Le CAC 40 reste un peu en retrait de ce mouvement, principalement en raison des inquiétudes entourant ses secteurs pétrolier et bancaire. Mais je ne serais pas surpris que l'on dépasse la résistance des 4500 points d'ici à la fin du mois. On observe depuis deux semaines un retour des acheteurs sur le secteur bancaire, qui devra être confirmé. C'est peut-être le point de départ d'un rebond de l'ensemble du marché vers ses niveaux du tout début d'année.

Ce rebond se fait sans volume, beaucoup d'investisseurs étant absents des marchés. Ne craignez-vous pas un réveil douloureux ?
Nous sommes certes dans la période estivale où l'activité est traditionnellement réduite (20 à 30% de volumes en moins) mais cela n'est pas un problème en soi. En réalité le stock de positions ouvertes par les fonds et autres investisseurs institutionnels sur les marchés actions est assez élevé. Le marché monte tout simplement parce qu'il y a plus d'acheteurs que de vendeurs. Il monte un peu par inertie mais aussi pour des raisons fondamentales. On peut citer le rapport de la BCE sur le crédit bancaire au sein de la zone euro, publié mi-juillet, qui montre une tendance de plus en plus positive en matière d'octroi de crédits. Il s'agit d'un indicateur avancé pour la croissance européenne. Il conforte l'idée d'une transmission de la politique monétaire de la BCE à l'économie réelle, même s'il ne s'agit là encore que de signaux faibles.

Faut-il s'attendre à de nouvelles mesures de la part de la BCE en septembre ?
Le marché n'est plus vraiment dans l'attente de nouvelles mesures de la BCE. En juillet la BCE n'a rien fait et cela n'a pas entraîné de déception particulière. Mais les commentaires de Mario Draghi sur l'économie et les perspectives d'inflation pourraient avoir un impact sur le sentiment des investisseurs.

Même si le choc initial du Brexit semble avoir été contenu, quel peut être son impact sur les marchés dans les prochains mois ?
S'il y avait dû avoir un choc il aurait eu lieu au début de l'été. C'est tout le contraire qui s'est passé. Tous les supports techniques ont tenu, les 4000 points ont été rachetés sur le CAC 40. Le choix d'un nouveau Premier ministre dans la foulée du referendum a levé la principale incertitude politique à court terme et les marchés ont intégré le fait que le processus de sortie de l'UE va prendre des mois voire des années. Les tensions politiques autour de l'activation de l'article 50 des traités sont également retombées. Tout porte à croire que les choses vont se faire en douceur. En attendant la livre sterling devrait rester sous pression de même que les rendements des emprunts souverains britanniques, ce qui devrait favoriser la hausse des actions au Royaume-Uni et dans la zone euro.

Vous êtes donc plutôt optimiste pour les marchés actions européens ?
Oui. Il peut y avoir un rattrapage des actions européennes sur les actions américaines. Les actions américaines sont chères par rapport au marché européen mais elles ont bénéficié de flux importants dans la première quinzaine de juillet, liés aux incertitudes entourant le referendum britannique. Je ne serais pas surpris de voir un retour des flux d'investissement vers les actions européennes à l'approche de l'élection présidentielle américaine qui crée elle aussi beaucoup d'incertitudes. Ajouté à cela une parité euro/dollar toujours favorable aux entreprises européennes et une reprise en cours dans la zone euro, les actions européennes peuvent être un choix de fin d'année payant.
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