La famille fondatrice de la marque créée en 1987 par Serge Cajfinger a cédé environ 50% du capital au fonds Change Capital pour en conserver 30%, tandis que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) présente depuis 2007 via un de ses fonds de placement dans les entreprises, a vendu ses 17%.

Le montant de l'opération, annoncée lundi dans un communiqué, n'a pas été dévoilé.

Paule Ka, connue pour ses robes du soir à l'allure chic et sobre, souvent empreintes d'un esprit des années 1960, était à la recherche d'un investisseur pour accélérer son développement, notamment son réseau de boutiques en propre et sa présence sur les marchés d'Asie à très forte croissance.

"La société voulait passer à une autre vitesse en s'adossant à un spécialiste de la distribution", a précisé à Reuters Antoine Bing, directeur général adjoint de la griffe.

"Nous avons été séduits par le positionnement de l'entreprise sur le segment du prêt-à-porter haut de gamme, à un prix abordable", a pour sa part estimé Stephan Lobmeyr, associé chez Change capital.

Les robes de la marque sont vendues en moyenne entre 350 et 450 euros.

L'entreprise dégage, selon lui, une très bonne rentabilité au niveau des points de vente, ce qui permettra à l'avenir "d'absorber davantage les coûts liés à la création et au développement des collections".

VERS UN LUXE PLUS DISCRET EN CHINE

La société, qui a bien résisté à la crise en parvenant à maintenir ses ventes et ses effectifs en 2009, a rationalisé ses coûts, notamment dans le transport ou la fabrication, en provenance d'Europe de l'Est pour l'essentiel.

Elle a réalisé au cours de l'exercice clos en juillet 2011 un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros, en progression de 14%, pour une marge d'Ebitda de 15%.

La griffe veut doubler le nombre de ses boutiques en propres (8) en Europe en cinq ans et vise un important développement de son réseau de franchisés (7), de corners (29) et de détaillants multimarques (370).

En Chine, en particulier, la marque juge son potentiel de croissance très important, compte tenu des nouvelles aspirations d'une clientèle "qui est à la recherche d'un luxe plus discret", a-t-il observé.

Paule Ka devrait ouvrir sa première boutique en Chine continentale à la fin de l'année, pour en ouvrir ensuite deux à trois par an au cours des cinq années à venir, a précisé Antoine Bing.

Elle ambitionne aussi d'ouvrir un navire amiral à New York dans les douze mois qui viennent.

La part de ses ventes réalisées en France, de 50% aujourd'hui, devrait à terme descendre aux environs de 35%.

Paule Ka, qui reste présidée par Serge Cajfinger, va aussi poursuivre sa diversification. Les sacs et les accessoires comptent pour 12% de ses ventes aujourd'hui et la marque va lancer à la rentrée une collection de lunettes fabriquées sous licence par L'Amy.

Des projets sont aussi à l'étude pour le développement d'une ligne de vêtements pour enfants et de lingerie.

EFFERVESCENCE DANS LE LUXE

Change Capital, fondé en 2004 par Luc Vandevelde, ancien président de Carrefour, a notamment investi dans le groupe allemand de prêt-à-porter de grande diffusion Hallhuber. Il avait aussi investi dans la griffe Jil Sander avant de la céder à des investisseurs japonais.

Cette acquisition s'inscrit dans une puissante vague de fusions-acquisitions dans le secteur du luxe et de la mode, portée par une industrie gorgée de liquidités et qui connaît des taux de croissance dont peu de secteurs peuvent s'enorgueillir.

En l'espace de quelques mois, Bulgari a été repris par LVMH, numéro un mondial du luxe, Jean-Paul Gaultier par l'espagnol Puig, Cerruti par le chinois Trinity, dont la holding Li & Fung a également acquis Robert Clergerie, le chausseur anglais Jimmy Choo a été racheté par l'allemand Labelux, le maroquinier Le Tanneur par des investisseurs du Qatar.

Edité par Gwénaelle Barzic

Valeurs citées dans l'article : LVMH, CARREFOUR, BULGARI S.P.A., Li & Fung Ltd.