Une décision qui remet en question des centaines de grands chantiers et projets et qui a obligé le gouvernement britannique à intervenir pour garantir certains services publics vitaux.

C'est également un casse-tête pour le gouvernement de la Première ministre Theresa May car Carillion était engagé sur 450 projets, que ce soit la construction et la maintenance d'hôpitaux, de prisons et de sites militaires ou encore la toute dernière ligne ferroviaire à grande vitesse.

"Nous n'avons pu, ces derniers jours, réunir les fonds nécessaires à nos projets d'entreprise et je déplore sincèrement que nous ayons dû en arriver à une telle décision", a déclaré le président Philip Green.

"C'est un jour sombre pour Carillion, pour nos collègues, nos fournisseurs et nos clients que nous sommes fiers d'avoir servis durant des années".

Carillion, qui emploie 43.000 personnes dont 20.000 en Grande-Bretagne, se battait pour sa survie depuis qu'il avait révélé en juillet qu'il perdait de l'argent sur de nombreux projets et qu'il avait déprécié la valeur de son carnet de commandes de 845 millions de livres (950 millions d'euros).

Les banques ayant refusé de souscrire au dernier projet de restructuration du groupe, le gouvernement a multiplié les réunions ces dernières semaines, sous la pression du Parti travailliste et des syndicats qui ne veulent pas entendre parler d'un renflouement par Londres.

Le passif de Carillion est de 1,5 milliard de livres, dont 580 millions liés aux retraites.

Le groupe de BTP a subi plus généralement des retards sur plusieurs contrats, ainsi qu'une baisse de l'activité qui l'ont amené à enchaîner les avertissements sur résultats et à subir une perte de plus d'un milliard de livres (1,13 milliard d'euros) au premier semestre.

"On ne peut pas attendre du gouvernement britannique qu'il sauve Carillion", a déclaré le porte-parole de la Première ministre.

"Il est regrettable que Carillion n'ait pu trouver de solutions de financement adaptées avec ses créanciers mais il ne revient pas au contribuable de renflouer une société du secteur privé. Depuis son premier avertissement sur ses résultats lancé en juillet, le gouvernement surveille de près la situation (...) Nous pensons qu'une solution peut être trouvée, permettant la mise en place d'un solide plan de secours", a-t-il déclaré à la presse.

David Lidington, ministre responsable du Cabinet Office, organisme qui supervise la gestion de l'Etat, a déclaré plus tôt que sa première priorité était d'assurer la continuité du service public. Il a exhorté le personnel de Carillion à poursuivre le travail, l'assurant que l'Etat paierait ses salaires et a ajouté que certains contrats de Carillion seraient alloués à d'autres fournisseurs.

"Pour être clair, tout le personnel doit poursuivre le travail; vous continuerez d'être payé. Le personnel engagé dans des contrats du secteur public a encore du travail important devant lui".

Rebecca Long-Bailey, l'une des porte-paroles du Labour, a elle réclamé l'ouverture d'une enquête, se demandant pourquoi l'Etat a continué d'octroyer des contrats à Carillion alors qu'il était évident qu'il était en difficulté.

"Cette société a émis trois avertissements sur ses résultats au cours des six derniers mois et malgré tout, le gouvernement a continué à lui accorder des contrats", a-t-elle dit à la BBC. "Nous demandons une enquête approfondie sur le comportement du gouvernement en la matière".

Scindé d'avec Tarmac voici près de 20 ans, Carillion a pris en charge des chantiers aussi divers que le Royal Opera House de Londres, un tunnel routier sous le canal de Suez et la rénovation de la gare centrale de Toronto. Il a remporté en juillet 2017 le contrat de construction de la nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse High Speed 2 qui doit relier Londres au nord de l'Angleterre.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Kate Holton