PARIS (awp/afp) - Carrefour, qui a fortement réduit sa perte et bénéficié d'une activité "soutenue" au premier semestre, notamment en ligne, se rapproche des objectifs de son plan stratégique à horizon 2022, même si l'activité en France a souffert du confinement.

Le groupe français de distribution a annoncé mardi dans un communiqué avoir réduit sa perte nette, à 21 millions d'euros contre 458 millions un an auparavant. En données ajustées, le résultat net du premier semestre est même dans le vert, en hausse de 63% à 253 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires semestriel est quant à lui stable, à 38 milliards d'euros.

Enfin, le résultat opérationnel courant (ROC), indice de référence de la grande distribution, est pour sa part en hausse de 29,1% à 718 millions d'euros à changes constants.

Pour Carrefour, cette "solide performance commerciale et opérationnelle" démontre que le groupe a su tirer "pleinement profit des initiatives" de son plan stratégique, lancé en janvier 2018, et "de sa réactivité face à la crise".

Cette performance prouve "la résilience de notre modèle, son dynamisme et sa rentabilité" et doit "beaucoup à la réactivité et à l'engagement exceptionnel de nos équipes, qui ont surmonté des conditions opérationnelles difficiles", a estimé le PDG du groupe Alexandre Bompard.

Parmi les bonnes nouvelles, le commerce en ligne alimentaire a connu "un fort succès à tous les moments de la crise", avec une croissance de plus de 70% sur le semestre (+100% sur le seul deuxième trimestre).

A la traîne dans le numérique depuis des années, le distributeur a dû conduire durant trois ans "une transformation exigeante, menée à vive allure", selon les mots d'Alexandre Bompard.

équipe dirigeante renouvelée

"Le chemin parcouru par Carrefour ces dernières années lui permet de tirer pleinement parti de cette tendance, avec une logistique et des services adaptés: refonte des plateformes digitales, hausse des capacités de préparation de commandes et de distribution", avec le "déploiement accéléré d'un réseau de +drives+ et de +drives piétons+" (2.033 unités à fin juin 2020, dont +337 au premier semestre) et de nouveaux partenariats (UberEats notamment), précise le communiqué.

Mais le retard sur ses concurrents est encore important et si, à fin juin, le chiffre d'affaires du e-commerce alimentaire s'établissait à 1,1 milliard d'euros, c'est encore loin de l'objectif des 4,2 milliards d'euros fixé par M. Bompard pour 2022.

Néanmoins, le PDG, qui a renouvelé récemment une partie de son équipe dirigeante avec un "mandat clair" - la satisfaction du client -, a exprimé sa confiance en l'avenir, en confirmant, voire en relevant, ses objectifs, "financiers comme extra-financiers".

Au cours du premier semestre 2020, le groupe a ainsi réalisé 480 millions d'euros d'économies (soit 2,44 milliards d'euros depuis le début du plan), ce qui lui permet "de rehausser l'objectif d'économies à 3 milliards d'euros (contre les 2,8 initiaux) d'ici à fin 2020".

Pendant le confinement, qui a affecté la plupart des pays dans lesquels exerce le groupe, ses formats de proximité ont vu leurs ventes bondir (+12% au deuxième trimestre en comparable), ainsi que ses supermarchés (+6,4%), plus accessibles pour ses clients, "aux dépens des hypermarchés" (+3,9%), pénalisés par l'absence de trafic.

Si l'on regarde dans le détail les ventes du groupe au premier semestre par zones géographiques, c'est l'Amérique latine (+20,7% à changes constants, essence comprise) qui est la plus performante, suivie de l'Asie (+6%) et de l'Europe (+3%), la France restant elle à la traîne (-3%), à cause notamment de ses hypermarchés (-6,8%).

Nommé mi-juin, son nouveau directeur exécutif, Rami Baitieh, a donc une mission de taille qui l'attend, alors que le deuxième semestre s'annonce incertain, "marqué par des mutations rapides dans la distribution alimentaire, la pandémie de Covid-19 et un ralentissement économique" note le groupe.

afp/rp