(Actualisation: commentaires d'analystes, contexte, réaction en Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Carrefour va racheter 30 magasins de "cash and carry" Makro au Brésil pour un montant d'environ 420 millions d'euros, une transaction qui dessine, selon les analystes, une future hausse de la part de marché et des profits du distributeur français dans le pays.

Les investisseurs se montrent toutefois prudents, le cours de Bourse de Carrefour perdant 0,1% lundi à 12h10, à 15,85 euros.

Carrefour a annoncé dimanche avoir signé un accord avec l'enseigne Makro Atacadista en vue du rachat de 30 magasins de "cash and carry" au Brésil pour un montant de 1,95 milliard de reais, soit environ 420 millions d'euros, à payer en numéraire.

"Cette opération est la plus importante réalisée par le groupe Carrefour au Brésil depuis l'acquisition d'Atacadao en 2007", a déclaré Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, cité dans un communiqué.

Selon les termes de l'accord, Carrefour prévoit de racheter 30 magasins Makro, dont 22 en pleine propriété et huit en location, ainsi que 14 stations-service, situés dans 17 Etats du Brésil. Ces actifs ont réalisé l'an passé un chiffre d'affaires cumulé d'environ 2,8 milliards de reais, soit 601,2 millions d'euros.

"Combinée à notre croissance organique, avec 20 nouveaux magasins Atacadao ouverts en 2019, cette acquisition correspond à une année et demie d'expansion et marque une avancée majeure pour Grupo Carrefour Brasil", a commenté Noël Prioux, directeur général de Carrefour au Brésil.

Carrefour n'a pas précisé la date à laquelle il espère conclure la transaction. Cette dernière reste soumise à certaines conditions usuelles, notamment l'accord des bailleurs pour les magasins en location et l'approbation par l'autorité brésilienne de la concurrence.

Le distributeur français a toutefois annoncé son intention de convertir ces magasins sous sa propre enseigne de "cash and carry" brésilienne, Atacadao, au cours des 12 mois suivant la réalisation de l'opération. Les magasins Makro s'ajouteront alors au réseau existant de 187 points de vente Atacadao, que le groupe avait acquis en 2007 pour quelque 825 millions d'euros.

Carrefour pourrait saisir d'autres opportunités

Selon les estimations des analystes de Bryan Garnier, cette acquisition permettra d'augmenter de 1,5 point de pourcentage la part de marché de Carrefour dans la distribution alimentaire au Brésil.

"Sur la base du modèle Atacadao, Carrefour prévoit d'augmenter le chiffre d'affaires de plus de 60% et d'optimiser la structure de coûts, permettant d'atteindre progressivement une profitabilité proche de celle du parc Atacadao existant", a ajouté Carrefour, au sujet des magasins Makro qu'il s'apprête à acquérir.

A long terme, le rachat de ces magasins pourrait ainsi ajouter "jusqu'à 3%" aux bénéfices nets de Carrefour, a indiqué Jefferies. Le format "cash and carry" est celui dont la croissance est la plus élevée dans les résultats du distributeur français, rappelle également l'intermédiaire financier.

De fait, c'est bien grâce à ses performances au Brésil que Carrefour avait redressé la barre en 2018 : la marge opérationnelle courante avait alors grimpé de 125 points de base à 5,7% en Amérique latine, grâce au Brésil où Carrefour profitait notamment d'un retour de l'inflation sur les produits alimentaires et du succès de son enseigne Atacadao.

Cela s'est confirmé dans ses les résultats commerciaux de 2019 : les ventes au Brésil ont grimpé de 7,6% au quatrième trimestre à magasins comparables, et de 12,7% pour la seule activité de commerce de détail, Carrefour Retail.

Par ailleurs, la transaction que s'apprête à conclure Carrefour ne marque pas la fin de sa capacité à réaliser des opérations de fusions-acquisitions, ajoutent les analystes de Bryan Garnier. "Nous pensons que Carrefour dispose des ressources humaines, des ressources financières et de la volonté de gérer des fusions-acquisitions", note le courtier, qui discerne d'autres opportunités en Europe occidentale et au Brésil, où il juge que Carrefour pourrait encore renforcer son réseau de magasins de proximité et de supermarchés.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

(Capucine Cousin a contribué à cet article)

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