* Le résultat opérationnel chute de 21,5% au S1

* Le groupe annonce que son ROC devrait reculer de 12% en 2017

* Le nouveau PDG promet d'améliorer rentabilité et cash flow

* Alexandre Bompard s'adressera au marché avant la fin 2017 (Actualisé avec détails, déclaration du nouveau PDG)

par Pascale Denis

PARIS, 30 août (Reuters) - Carrefour, plombé par un décrochage de ses performances en France comme à l'étranger, a lancé un avertissement sur ses résultats annuels mercredi tandis que son nouveau PDG a promis, sans détailler son plan, d'améliorer à terme la rentabilité et le cash flow du groupe.

Le deuxième distributeur mondial, qui avait déjà vu son résultat opérationnel courant (ROC) reculer de 3,8% en 2016, a dit prévoir une chute d'environ 12% de ce résultat en 2017, aux environs de 2,07 milliards d'euros, très loin des 2,4 milliards attendus par les analystes qui avaient déjà revu leurs attentes (le consensus était encore de 2,49 milliards début juillet).

Il a également révisé en baisse sa prévision de croissance des ventes à +2%-4%, contre +3%-4% auparavant.

Prenant brièvement la parole lors d'une conférence téléphonique avec les analystes, le nouveau PDG Alexandre Bompard s'est dit conscient de "l'ampleur et de la difficulté de la tâche à accomplir" tout en promettant d'améliorer les performances opérationnelles d'un groupe qui "dispose d'un énorme potentiel, de très solides actifs et d'une structure financière saine".

Tout en annonçant qu'il détaillerait son action "avant la fin de l'année", il a évoqué la nécessité d'accélérer la transformation digitale, d'adapter le format des hypers français aux nouveaux comportements des consommateurs et au e-commerce, de simplifier l'organisation ou d'accroître les synergies.

"Il faudra aussi augmenter la rentabilité, la génération de cash flow et le retour sur les capitaux investis", a-t-il dit, annonçant d'ores et déjà que les investissements 2017 seraient réduits à 2,2 ou 2,3 milliards d'euros.

Carrefour a vu son ROC chuter de 12% au premier semestre et de 21,5% à taux de changes constants, à 621 millions d'euros, un chiffre inférieur aux 666 millions attendus, avec un décrochage de 36% en France où la marge est tombée à 1,1% (-70 points de base).

ENRAYER L'ÉROSION DES PARTS DE MARCHÉ

Pour enrayer l'érosion de ses parts de marché en France, le groupe s'est lancé dans des baisses de prix et des promotions massives qui lui ont permis de renouer avec la croissance dans ses hypermarchés au deuxième trimestre mais qui ont lourdement pesé sur sa rentabilité.

Sur les sept premiers mois de 2017, sa part de marché a reculé à 20,6% dans l'Hexagone (contre 21,1% pour la même période de 2016), derrière son grand concurrent Leclerc, qui a vu la sienne grimper à 21,2%, selon Kantar WorldPanel.

Sa rentabilité a aussi pâti des pertes de Dia, qui devraient atteindre 150 millions d'euros en 2017 alors que le groupe avait dit tabler sur un retour au bénéfice cette année pour le réseau français de magasins racheté au groupe espagnol du même nom.

Ses performances se sont aussi très fortement dégradées en Europe, où le ROC a décroché de 25%, une chute que le groupe explique par les coûts de transformation et d'intégration des magasins Eroski en Espagne et Billa en Roumanie.

En Amérique latine, les performances de la filiale Carrefour Brésil - mise en Bourse en juillet dans le bas de sa fourchette indicative - ont été limitées par la baisse de la rentabilité de ses services financiers liée à des changements réglementaires sur le crédit à la consommation.

En Argentine, les pertes se sont "accrues" tandis que le directeur financier du groupe, Pierre-Jean Sivignon, a indiqué que les ventes en volumes reculaient dans le pays pour la deuxième année consécutive, dans un environnent économique difficile.

REDRESSEMENT EN CHINE

Seule la Chine a fait mieux qu'attendu, avec un retour au bénéfice, récoltant les fruits des plans d'actions mis en place ces dernières années.

Les investisseurs auront maintenant les yeux rivés sur le plan stratégique d'Alexandre Bompard, arrivé le 18 juillet.

Certains analystes tablent sur sa réputation de "cost killer" pour mieux piloter les marges et la difficile équation entre prix et rentabilité dans les hypers, tandis que d'autres estiment qu'il pourrait prendre des mesures plus radicales pour sortit enfin les hypers français de l'ornière.

Le nouveau PDG vient d'entamer le renouvellement de ses équipes avec le remplacement du secrétaire général Jérôme Bédier par Laurent Vallée, haut fonctionnaire de deux ans son aîné passé comme lui chez Canal plus.

Le titre Carrefour, revenu à ses niveaux du début 2013, à 19,50 euros en clôture mercredi, accuse une baisse de 15,7% depuis le début de l'année.

Graphique : http://bit.ly/2xxkJ4e

Comme ses pairs, le titre a aussi été plombé, depuis le 16 juin, par l'offensive d'Amazon dans la distribution alimentaire avec le rachat de Whole Foods, spécialiste américain du bio, et ses 450 magasins.

Graphique : http://bit.ly/2iHlRil (Pascale Denis, édité par Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : Carrefour, Amazon.com