Le distributeur, pénalisé par la guerre des prix qui fait rage dans l'Hexagone et par la crise brésilienne, a bouclé l'exercice sur des ventes de 37,8 milliards d'euros, en croissance organique de 3,2% après une hausse de 5,7% en 2016 et en progression de 2,4% en données comparables (contre 3,8%).

Le groupe, qui tablait auparavant sur une hausse de plus de 20% de son résultat opérationnel courant 2017, a dit anticiper une croissance d'"environ 20%" à 1,24 milliard d'euros et n'a pas confirmé ses objectifs de rentabilité dans l'alimentaire en France.

Dans l'Hexagone, Casino mise maintenant sur un résultat opérationnel de plus de 460 millions d'euros en 2017 - hors plus-values immobilières - laissant anticiper une hausse limitée à 9% au lieu des 15% promis.

Ce recul devrait être partiellement compensé par des plus-values immobilières qui devraient maintenant atteindre 90 millions au lieu des 60 millions d'abord estimés.

Ces prévisions ont été lourdement sanctionnées par le marché, le titre Casino perdant 5,3% à 48,05 euros à 11h00, accusant la deuxième plus forte baisse de l'indice SBF 120 qui perdait 0,2% au même moment.

"Casino semble avoir raté ses objectifs en France et le consensus de résultat par action 2018-2019 va devoir probablement s'ajuster à la baisse avec les récents mouvements des devises", soulignent les analystes de Bryan Garnier.

Pressé de questions par les analystes, Antoine Giscard d'Estaing, directeur financier, a invoqué de mauvaises ventes de textile en fin d'année chez Monoprix - l'enseigne la plus rentable du groupe - ainsi que des investissements dans des programmes de fidélité et un projet de monétisation de données.

En France - dont le poids est devenu crucial depuis la cession des très rentables actifs asiatiques pour désendetter le groupe - les ventes alimentaires ont limité leur hausse à 0,8% en 2017 à magasins comparables et à 0,3% au dernier trimestre.

Très surveillées, celles des hypermarchés Géant sont restées stables au 4e trimestre, pénalisées par une chute de 9,6% dans le non alimentaire, tandis que Monoprix est passé en terrain négatif (-0,5%) pour cause de mauvaise météo.

Les hypermarchés français, dont Casino attendait un retour à la rentabilité en 2017, sont restés déficitaires et le groupe espère les voir retrouver l'équilibre en 2018.

A l'inverse les ventes de Cdiscount, dont des corners sont en début d'installation chez Géant, ont grimpé de 9,2%.

Toutefois, le 4e distributeur français a maintenu sa part de marché à 11,5% dans l'Hexagone en 2017, selon les données de KantarWorldpanel, tandis que Carrefour a vu la sienne reculer de 50 points à 20,5%, derrière Leclerc (21%).

Au Brésil, où Casino a souffert d'une forte décélération de l'inflation dans les produits alimentaires, la dynamique s'est améliorée avec une hausse de 3,9% pour les ventes de sa filiale GPA au 4e trimestre, dans un climat économique qui s'améliore.

"Avec une situation au Brésil qui s'assainit, Casino est assez confiant dans la poursuite de la hausse de ses résultats en 2018", a indiqué Antoine Giscard d'Estaing.

Il s'est refusé à toute indication sur le calendrier de la cession de ViaVarejo, filiale brésilienne de produits électroniques mise en vente par Casino il y a plus d'un an.

Il a également indiqué ne pas pouvoir faire d'anticipation sur l'impact d'un futur relèvement du seuil de revente à perte en France, le processus législatif étant en cours.

Casino publiera ses résultats annuels le 8 mars. Le chiffre d'affaires de Carrefour est attendu ce mercredi soir.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis