Les achats de denrées alimentaires pendant l'épidémie de coronavirus ont bénéficié aux ventes des supermarchés de Casino en France au deuxième trimestre, mais la hausse des coûts a pesé sur les résultats et accru la dette, au grand dam des investisseurs.

A 11h22, le titre du distributeur français plongeait de 15,04% à 22,14 euros, l'une des plus fortes baisses du SBF 120 (-1,09%).

Le distributeur stéphanois a indiqué qu'il n'était toujours pas en mesure de fixer de nouveaux objectifs après avoir suspendu il y a quelques mois ses prévisions pour 2020 en raison de la pandémie.

Le résultat opérationnel courant de Casino a reculé de 15,3% en données publiées au premier semestre à 386 millions d'euros alors que les mesures mises en oeuvre pendant l'épidémie afin de protéger les salariés et le versement de primes ont généré des coûts supplémentaires.

Au total, le groupe a accusé une perte nette de 87 millions d'euros contre un bénéfice de 12 millions un an plus tôt.

Dans une note, les analystes de Jefferies jugent la performance de Casino décevante, les marges ayant diminué en France tandis que le niveau d'endettement a progressé en dépit des cessions d'actifs réalisées.

Casino a jusqu'à présent vendu 2,8 milliards d'euros d'actifs - dont plusieurs centaines de magasins Leader Price à son rival allemand Aldi - et a déclaré qu'il poursuivait ses cessions pour atteindre son objectif de 4,5 milliards d'euros, sans toutefois donner de détails.

ACTIVITÉ DYNAMIQUE EN FRANCE ET AU BRÉSIL

"Le problème de Casino reste son niveau d'endettement", a déclaré Grégoire Laverne, gestionnaire de fonds chez Apicil Asset Management, basé à Paris, qui détient des obligations Casino. "C'est le groupe le plus endetté du secteur et l'environnement macro-économique n'est pas celui qui favorise la vente d'actifs pour le moment", a-t-il souligné.

A fin juin, la dette financière nette de Casino s'élevait à 4,8 milliards d'euros, contre 4,7 milliards un an plus tôt.

Le PDG de Casino et actionnaire majoritaire, Jean-Charles Naouri, a redoublé d'efforts pour alléger la dette du groupe - ainsi que celle de la société mère Rallye, qui a été placée sous la protection des créanciers en mai 2019 - notamment grâce à des opérations de refinancement. Casino, qui contrôle également Grupo Pao de Acucar du Brésil, a vu son activité progresser fortement en France et au Brésil pendant la période de confinement, qui a dopé ses ventes de produits alimentaires.

"Il y a eu une bascule très importante vers l'alimentation à domicile plutôt qu'à l'extérieur", a déclaré à la presse le directeur financier, David Lubek.

"Les choses reviennent à la normale mais il y a toujours des paniers moyens beaucoup plus élevés", a-t-il ajouté, faisant également état d'une forte progression des achats en ligne.

Au deuxième trimestre, le chiffre d'affaires du groupe a reculé de 7,5% à 7,85 milliards d'euros, en raison des effets devises et de la baisse des ventes de carburant.

En données comparables, il affiche toutefois une progression de 10,4%, tirée par une activité dynamique en France - notamment dans les magasins de proximité - et au Brésil.

(Sarah White avec Sudip Kar-Gupta, version française Jean-Michel Bélot, édité par Blandine Hénault)

par Sarah White