La passe d'armes nocturne de Casino et de Carrefour interpelle évidemment et soulève plus de question qu'elle n'apporte de réponses. Dans ce type de situation, le choix des mots a une grande importance pour démêler le vrai du faux. L'affaire a donc commencé tard hier soir, peu avant minuit. Casino déclare avoir "été sollicité depuis quelques jours par Carrefour en vue d'une tentative de rapprochement". L'affaire est jugée suffisamment sérieuse pour que le conseil d'administration du groupe stéphanois se réunisse hier dimanche, pour examiner la proposition et conclure unanimement qu'aucune suite ne sera donnée à cette approche, pour plusieurs raisons.

D'abord, parce que le conseil a une "totale confiance dans la stratégie créatrice de valeur de Casino", ensuite parce que le distributeur est déterminé à "mener toutes les actions nécessaires pour défendre l'intérêt social et l'intégrité du Groupe" et enfin parce que les administrateurs ont aussi "constaté les obstacles, en France et au Brésil, au rapprochement avec Carrefour, en particulier en matière de concurrence et d'emplois". Pour faire bonne mesure, Casino se fend aussi d'une attaque pleine de sous-entendus contre son rival, en rappelant que la proposition "est faite alors que le marché du titre Casino a fait l'objet de manipulations spéculatives coordonnées à la baisse d'une ampleur inédite depuis plusieurs mois". Bonjour l'ambiance. 

La proposition "n'existe pas" !

A 3h56 donc, Carrefour réplique dans un communiqué de quelques lignes adoptant le ton plutôt agressif de son concurrent. "Les difficultés auxquelles sont confrontés le groupe Casino et son actionnaire de contrôle ne peuvent justifier des communications intempestives, trompeuses, et dénuées de tout fondement", répond le groupe dirigé par Alexandre Bompard, qui "dément avoir sollicité Casino" et s'étonne que le conseil de Casino se soit vu soumettre "une proposition de rapprochement qui n’existe pas". Carrefour rappelle être (lui aussi) concentré sur son plan de transformation et réfléchir aux suites juridiques à donner pour "faire cesser ces insinuations inacceptables".

 

Qui dit vrai, qui dit faux ? Y-a-t-il eu une manipulation, mystification ? Selon nos informations, une rencontre a bien eu lieu entre Jean-Charles Naouri et Alexandre Bompard le 12 septembre dernier. Et Casino maintient mot pour mot son communiqué nocturne, "à la virgule près" nous a même confié une source proche du dossier. La grande fermeté de la position de Casino laisse penser qu'un projet de rapprochement entre les deux groupes a effectivement circulé. Nous n'avons pas pu obtenir, pour l'heure, de précisions officielle du côté de Carrefour. Mais la redistribution des cartes dans la grande distribution pourrait bien devenir l'un des grands thèmes boursiers du quatrième trimestre. 


Les forces en présence (Zonebourse avec Rapports Annuels - Cliquer pour agrandir)