Paris (awp/afp) - Les deux géants français de la distribution Carrefour et Casino se sont lancés lundi dans une bataille de communication, se renvoyant l'initiative d'une réunion entre leurs PDG et d'un projet de rapprochement qui a tourné court.

Dans la nuit de dimanche à lundi, Casino avait assuré dans un communiqué avoir rejeté des sollicitations de "rapprochement" en provenance de Carrefour, qui avait de son côté sèchement démenti des "insinuations inacceptables".

Au fil de la journée, les deux parties ont cependant concédé qu'une rencontre avait eu lieu le 12 septembre entre Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, et Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, mais se renvoyant mutuellement l'initiative de cette réunion.

"Carrefour est à l'initiative de ce rendez-vous, qui a donné lieu à une phase où chacune des parties a désigné des avocats et des banquiers, avec un début d'échanges de documents sur un cadre de discussions" sur un éventuel rapprochement, a affirmé à l'AFP un porte-parole de Casino lundi après-midi.

Ce porte-parole a indiqué que "le conseil d'administration de Casino avait eu connaissance de ces éléments, et décidé de ne pas aller plus loin".

De son côté, Carrefour "dément avoir sollicité Casino en vue d'un projet de rapprochement. Carrefour n'a jamais été à l'initiative d'un quelconque projet de rapprochement. Une rencontre entre les dirigeants a eu lieu le 12 septembre à l'initiative de Casino", a affirmé un porte-parole à l'AFP.

Selon lui, "à l'issue de cette réunion, Casino a sollicité la mise en place d'un accord de confidentialité et d'un programme de travail".

Cet échange entre les deux géants de la distribution intervient alors qu'ils traversent une période délicate, chacun ayant lancé de profondes réorganisations.

Début septembre, l'agence de notation Standard and Poor's avait abaissé d'un cran la note de Casino à "BB", assortie d'une perspective négative, en raison de la forte dette du groupe.

Le groupe de Jean-Charles Naouri, dont le titre est en net repli depuis le début de l'année, a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires de 37,8 milliards d'euros, et vise d'ici à fin 2018 une réduction de sa dette financière nette en France de l'ordre d'un milliard d'euros, "par autofinancement et grâce au produit des cessions d'actifs.

Pour sa part, Carrefour, dont les ventes ont atteint l'année dernière 88,2 milliards d'euros, a enregistré une lourde perte au premier semestre, de 861 millions d'euros.

Ces pertes proviennent des coûts du plan de transformation annoncé en janvier par le PDG Alexandre Bompard, arrivé il y a un an à la tête du groupe. Ce plan prévoit la suppression de 2.400 postes dans les sièges et la sortie du groupe de 273 ex-magasins Dia.

afp/buc