Le distributeur français, dont la maison-mère Rallye - elle aussi étranglée par la dette - a été placée sous sauvegarde, s'est engagé dans des cessions d'actifs massives pour se désendetter et dans des ventes ou fermetures de magasins déficitaires en France pour doper sa rentabilité.

La suppression du dividende 2019 et de l'acompte sur celui de 2020 donne une bouffée d'oxygène à Casino qui va pouvoir faire une économie de cash d'environ 500 millions d'euros d'ici à la fin 2020.

Cette option était attendue par les investisseurs depuis la mise sous sauvegarde de Rallye, la génération de trésorerie du groupe étant en grande partie absorbée par le dividende servi à sa maison-mère pour lui permettre de payer les intérêts d'une dette de 2,9 milliards d'euros.

Casino a versé environ 340 millions d'euros de dividendes en 2018, dont 51% à Rallye.

Grâce à des cessions d'actifs qui devraient atteindre 2,5 milliards d'euros (via notamment des ventes de murs de magasins Monoprix, supers ou hypermarchés), à la suppression du dividende et à sa génération de trésorerie en France, Casino espère ramener sa dette nette en France à moins de 1,5 milliard d'euros à la fin 2020, contre 2,7 milliards fin 2018.

Avec la dernière annonce de la vente de Vindemia, sa filiale de distribution dans l'Océan indien, le programme de cessions d'actifs atteint aujourd'hui 2,1 milliards d'euros.

BAISSE DE LA GÉNÉRATION DE TRÉSORERIE EN FRANCE

Certains analystes s'inquiètent toutefois de l'impact, à long terme, des ventes de ses murs sur le modèle de Casino.

"Nous continuons de penser que la propriété des murs est stratégique pour les distributeurs et que ces opérations auront un impact négatif sur les performances opérationnelles à long terme et la génération de cash", notent ceux de Barclays.

Très surveillée par les investisseurs, la génération de trésorerie en France, augmentée des produits de cessions, a reculé de 17% à 133 millions d'euros au premier semestre, alors qu'elle avait atteint 150 millions d'euros il y a un an, sans cessions.

"Avec ce chiffre décevant, la dette nette en France, qui ressort à 2,9 milliards d'euros, est supérieure à celle de la fin 2018", notent les analystes de Bryan Garnier.

A 11h45, le titre Casino cédait 0,03% à 33,08 euros à la Bourse de Paris, limitant sa baisse à 8,9% depuis le début de l'année, alors que l'indice SBF 120 gagnait 0,49%.

La valeur a regagné du terrain par rapport à un plus bas de l'année de 27,29 euros touché le 24 mai, jour de la mise sous sauvegarde de Rallye.

Le résultat opérationnel courant a accusé une baisse de 12,1% à taux de changes constants à 347 millions d'euros au premier semestre, pénalisé par l'absence de crédits d'impôt au Brésil qui avaient dopé les chiffres un an plus tôt.

Hors crédits d'impôts, il augmente de 12,9%.

Sur le seul deuxième trimestre, la croissance organique de Casino a ralenti à 2,9% avec une hausse limitée à 3,8% en comparable au Brésil en raison d'un comparatif élevé lié à la coupe du monde de football de 2018.

Il a en revanche fait mieux en France, où la croissance en données comparables a légèrement accéléré (+0,7%).

Au total, les activités poursuivies accusent une perte nette part du groupe de 16 millions au premier semestre, après un bénéfice de 46 millions un an plus tôt, en raison des charges exceptionnelles liées à ses plans de cessions.

Pour 2019, le groupe a confirmé prévoir une progression de 10% de son résultat opérationnel courant en France (hors immobilier) et une génération de trésorerie de 500 millions d'euros (hors cessions).

La mise sous sauvegarde des holdings de contrôle de Casino a suspendu tout remboursement de créance mais n'a pas empêché les agences de notation Standard & Poor's et Moody's de dégrader à nouveau la note financière du distributeur.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis