Le distributeur a annoncé jeudi avoir réduit cette dette de 295 millions d'euros, à 4,019 milliards, un chiffre remis en question par les analystes au regard des détails donnés lors d'une conférence téléphonique.

"Les résultats semestriels sont solides mais ce qui sous-tend la baisse de la dette de la maison-mère pose question", notent ceux de Bernstein.

Ils mentionnent notamment un impact positif de 200 millions d'euros provenant en fait de la holding brésilienne Segisor, "qui opère des transferts de cash vers la France".

"On a découvert lors de la présentation que la baisse de la dette en France était principalement liée à une transaction intra-groupe. Casino France a reçu 200 millions en provenance de GPA (sa filiale brésilienne), correspondant à des anticipations de dividendes que GPA versera dans le futur", renchérit un autre analyste sous couvert d'anonymat.

Les analystes estiment qu'en excluant cette opération exceptionnelle, le montant de la dette reste en fait quasiment stable.

Après avoir gagné 4% en ouverture, le titre Casino s'est lourdement retourné à la baisse dans la matinée, chutant de 9,42% à 32,01 euros à 13h32, et s'approchant de ses plus bas niveaux depuis plus de 20 ans.

Il accuse la plus forte baisse du SBF 120 et abandonne près de 37% depuis le début de l'année.

Attaqué par le fonds Muddy Waters fin 2015 pour manque de transparence, pile de dettes et ingénierie financière masquant la baisse de ses performances, Casino avait été dégradé dans la foulée par l'agence S&P en catégorie spéculative, et avait été contraint de céder ses très rentables actifs asiatiques.

CESSION DE 15% DE MERCIALYS

Il a été une nouvelle fois sanctionné en mars 2018 pour des résultats annuels jugés peu lisibles et a engagé un deuxième plan de cession d'actifs de 1,5 milliard d'euros visant à régler le problème de sa dette et à regagner la confiance des investisseurs.

Le groupe a précisé ce jeudi avoir cédé 15% de sa filiale Mercialys sous forme d'un "equity swap" avec une banque pour 213 millions d'euros et avoir pour objectif de réaliser la moitié de ce plan en 2018.

Son résultat opérationnel courant (ROC) a reculé de 2,4% à 439 millions d'euros au premier semestre, impacté par les changes, un chiffre légèrement inférieur aux 442 millions attendus par les analystes, mais a augmenté de 10,3% hors impact de changes.

En France, le ROC de la distribution a signé une hausse de 17,3% à 136 millions d'euros, après une amélioration des ventes au premier semestre, notamment dans les hypermarchés Géant et chez Monoprix, enseigne la plus rentable du groupe.

En Amérique latine, les performances se sont redressées grâce au Brésil et à Assaï, format de semi-gros de sa filiale GPA. Le résultat opérationnel courant y a progressé de 14,8% hors crédits fiscaux à 226 millions d'euros.

Le groupe a confirmé ses objectifs annuels réitérés en juin, à savoir une croissance de plus de 10% du ROC hors plus-values immobilières en France en 2018 et, pour le groupe, une hausse de plus de 10% également, incluant cette fois les plus-values immobilières mais excluant changes et crédits fiscaux.

Le résultat net normalisé part du groupe est ressorti à 48 millions d'euros, en hausse de 28,6%.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis et Dominique Vidalon