Paris (awp/afp) - Le groupe de distribution Casino, qui a essuyé une perte nette de plus de 1,4 milliard d'euros en 2019, a annoncé jeudi qu'il suspendait ses objectifs financiers pour 2020 en raison de la pandémie de coronavirus.

"Dans un environnement macroéconomique aussi incertain qu'aujourd'hui, on ne formule plus de perspectives financières", a affirmé le directeur financier, David Lubek, lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, peu avant 10H30, le titre Casino perdait 3,66% à 33,22 euros, dans un marché en baisse de plus de 2%.

Dans la pandémie actuelle, qui touche particulièrement la France où Casino réalise la moitié de son chiffre d'affaires, le groupe est "pleinement mobilisé pour sécuriser l'approvisionnement des populations tout en assurant la sécurité de ses collaborateurs et de ses clients", assure-t-il dans un communiqué.

Casino fait face à une "demande inédite par son ampleur" à l'instar des autres distributeurs, avec ses formats de proximité et son site de commerce en ligne Cdiscount "particulièrement sollicités" en France, précise-t-il.

"La situation évolue extrêmement vite", a ajouté M. Lubek, pour qui dans ces circonstances, "formuler des +guidances+ financières ne serait pas raisonnable".

poursuite du plan de cessions

En revanche, a-t-il ajouté, "nous maintenons l'ensemble de nos objectifs stratégiques sur lesquels nous sommes mobilisés en interne", notamment la réduction des coûts. "Et nous continuerons aussi notre plan de cession (d'actifs non stratégiques, ndlr), tout cela n'a pas changé."

Le groupe, pressé par ses actionnaires et les investisseurs de restructurer et diminuer sa dette, s'est fixé comme objectif des plans de cessions en France de 2,5 milliards d'euros à fin mars 2020, dont 2,1 milliards avaient déjà été signé mi-janvier, et 4,5 milliards d'ici à fin mars 2021.

Dans son communiqué, le groupe précise que "les cessions signées mais non encore encaissées représentent un montant de 1 milliard d'euros, qui contribuera au remboursement ou au rachat des échéances obligataires 2021-2022 (1,1 milliard d'euros restant à rembourser après l'opération de refinancement)".

En 2019, le groupe de distribution s'est enfoncé dans le rouge, avec une perte nette de 1,4 milliard d'euros qu'il attribue notamment à des "dépréciations d'écarts d'acquisitions" du fait de la cession de son enseigne discount Leader Price, en perte de vitesse.

Le distributeur stéphanois avait annoncé vendredi avoir cédé Leader Price pour 735 millions d'euros à Aldi, six mois après être entré en discussions avec le groupe allemand.

Hors ces éléments exceptionnels, Casino affiche un bénéfice net normalisé de 212 millions d'euros, inférieur cependant aux prévisions des analystes de FactSet qui s'attendaient à 269 millions d'euros.

dette en hausse

La vente de Leader Price complète le plan "Rocade" initié fin 2018, consistant en la cession de 17 hypermarchés et 14 supermarchés intégrés, ainsi que la fermeture de 4 supermarchés intégrés déficitaires, ajoute le groupe dans son communiqué.

Quant au résultat opérationnel courant (ROC) du groupe, l'indice de référence de la grande distribution, il s'affiche en baisse de 5,3% à 1,292 milliard d'euros (-3,1% à taux de change constant).

A la mi-janvier, Casino avait publié un chiffre d'affaires annuel en baisse de 5,46% à 34,6 milliards d'euros, pénalisé en France par les mouvements sociaux de décembre.

Cela avait eu pour conséquence la révision par le groupe à la baisse, de 10% à 5%, de sa prévision d'estimation de la croissance du ROC et ce "en absorbant environ 70 millions d'euros de loyers additionnels liés au plan de cession" des actifs non-stratégiques.

Enfin, la dette financière nette de Casino au 31 décembre 2019 était de 4,1 miliards d'euros, contre 3,4 milliards au 31 décembre 2018, une augmentation que le groupe attribue notamment "à l'effet net de la réorganisation de (ses) activités en Amérique latine".

afp/jh