Paris (awp/afp) - Casino a annoncé jeudi soir être entré "en discussions" avec le groupe allemand Aldi pour lui céder son enseigne Leader Price, dans le but de poursuivre son désendettement et alors que le secteur du discount est en pleine mutation en France.

"Le groupe Casino confirme avoir reçu une marque d'intérêt de la part d'Aldi France portant sur l'acquisition de Leader Price en France métropolitaine", précise le distributeur dans un communiqué.

Par conséquent, "le groupe Casino et Aldi France sont entrés en discussions en vue d'aboutir à la remise d'une offre ferme par Aldi France", poursuit-t-il.

"Une fois connus et pour autant qu'ils soient acceptés par le groupe, les paramètres de l'offre seront communiqués au marché", précise encore Casino. La transaction, si elle se fait, devra ensuite être validée par l'Autorité de la concurrence.

Le groupe stéphanois de distribution avait annoncé en plein coeur de l'été, le 20 août, le lancement d'une nouvelle phase de cession d'actifs pour un montant de 2 milliards d'euros, après avoir identifié de nouveaux magasins à céder d'ici au printemps 2021.

Pressé de réduire sa dette par ses investisseurs et ses actionnaires, Casino avait ajouté avoir quasiment bouclé une première vague de cessions d'actifs non-stratégiques de 2,5 milliards d'euros à réaliser d'ici au premier trimestre 2020.

Fin juillet, lors de la publication de ses résultats semestriels, Casino avait annoncé vouloir "atteindre moins de 1,5 milliard d'euros de dette nette en France à fin 2020", contre 2,7 milliards fin 2018.

désendettement

Casino précise par ailleurs dans son communiqué qu'il entend "mener ces discussions dans le meilleur intérêt de Leader Price et de ses salariés, comme de ses partenaires".

"Les instances représentatives du personnel de Leader Price seront informées et consultées dès qu'un projet suffisamment avancé pourra leur être présenté, conformément aux obligations légales en la matière", conclut le distributeur.

En annonçant qu'il entendait accélérer son désendettement, Casino avait souligné l'"accentuation du positionnement" du groupe sur les "formats et géographies porteurs" en France, réaffirmant sa volonté de miser sur sa filiale de commerce en ligne Cdiscount, mais aussi sur ses enseignes les plus rentables, Monoprix et Franprix.

Pour les observateurs, il était donc clair que les enseignes à la peine du groupe, les hypermarchés Géant et Leader Price, allaient être proposées à la vente, en globalité ou partiellement.

Née en 1989, Leader Price dispose de plus de 700 magasins en France et emploie 4.000 personnes. En 2018, l'enseigne a dégagé un chiffre d'affaires de près de 2,5 milliards d'euros, en repli de 1,9%, sous l'effet notamment de la rationalisation de son parc.

Elle est en outre en train de passer l'ensemble de ses points de vente au concept "Next", présenté en juin 2018, qui promet "de nouveaux espaces, plus modernes, davantage de bio, de frais, de local et une diversification des offres".

redécoupage du secteur

Avec 2,5% de parts de marché en France selon le panéliste Kantar, Leader Price dispose d'une petite avance sur Aldi (2%) mais est largement distancé par l'autre enseigne allemande, Lidl (6%), qui monte en puissance.

En réunissant Leader Price et Aldi, c'est tout le secteur du discount, en mutation depuis quelques années d'un concept "hard" à un format plus "soft", via une montée en gamme de son offre, plus ouverte sur les produits frais et le bio, qui pourrait donc être redessiné.

Interrogée lundi par l'AFP sur une possible vente de Leader Price, la directrice générale de l'enseigne, Tina Schuler, avait répondu qu'il ne s'agissait que "de rumeurs, de spéculations".

A la question de savoir si Lild serait intéressé par l'acquisition de Leader Price, l'enseigne allemande ayant déjà racheté une quinzaine de ses points de vente cette année, Michel Biéro, directeur exécutif achats et marketing Lidl France, avait affirmé pour sa part la semaine dernière à l'AFP être "prêt à étudier chaque dossier" car il était "à l'affût de tout".

afp/rp