À Paris, l'indice CAC 40 recule de 1,65% à 5.225,24 points vers 08h35 GMT. À Francfort, le Dax perd 1,17% et à Londres, le FTSE abandonne 1%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro se replie de 1,46%, le FTSEurofirst 300 de 1,11% et le Stoxx 600 de 1,27%.

"Les marchés commencent à intégrer le risque d'une guerre commerciale prolongée et un possible impact sur la croissance économique américaine", indique Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

Le président américain, Donald Trump, a déclaré lundi qu'il n'était "pas encore prêt" à conclure un accord commercial avec la Chine mais a dit tabler sur un compromis à terme, sans plus de précision.

Cette absence d'avancée dans les négociations commerciales entre les deux puissances économiques mondiales intervient sur fond de données macroéconomiques peu encourageantes pour le deuxième trimestre et de tensions renouvelées en Europe autour des finances publiques italiennes.

La Commission européenne pourrait annoncer le 5 juin des mesures disciplinaires à l'encontre de Rome pour non respect des règles communautaires en matière d'endettement et de déficit budgétaire structurel, le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini ayant lui-même évoqué une possible amende de trois milliards d'euros.

Ce contexte nourrit l'aversion au risque des investisseurs qui se réfugient sur les actifs jugés les plus sûrs, comme les obligations souveraines américaines ou allemandes dont les rendements évoluent à des plus bas depuis respectivement deux et trois ans.

TAUX

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans, qui a cédé six points de base mardi pour finir la journée à 2,2675%, recule encore de près de quatre points de base, à 2,2308%, son plus bas niveau depuis septembre 2017.

Il évolue ainsi en dessous du rendement des obligations à trois mois, une inversion de la courbe qui fait craindre une récession économique à venir aux Etats-Unis.

"La courbe entre le 2 ans et le 10 ans n'est toujours pas inversée car le marché parie sur une prochaine baisse de taux. L'inquiétude désormais est que les traders regardent à nouveau le seuil des 2% sur le 10 ans, ce qui pourrait signifier des pertes importantes pour les actions pour aller jusque là", prévient Neil Wilson, chez Markets.com.

En Europe, le dix ans allemand, au plus bas depuis septembre 2016, tente de se stabiliser autour de -0,165% après un creux à -0,172% en début de séance.

Son équivalent italien repart à la baisse après la nette remontée des derniers jours qui l'a porté jusqu'à 2,708% en début de matinée.

VALEURS

Tous les secteurs en Europe sont orientés en baisse mais les compartiments les plus cycliques sont aussi les plus délaissés. La technologie perd 1,88% et les ressources de base abandonnent 2,09%.

Lanterne rouge du CAC 40, ArcelorMittal recule de 3,83% après avoir annoncé une nouvelle réduction de sa production d'acier sur son principal marché en Europe en raison de la faiblesse de la demande et d'importations élevées.

Elior lâche 4,99% après l'abaissement de sa prévision de croissance organique pour l'exercice 2018-2019 et Casino recule de 5,21% en réaction à l'abandon d'un acompte sur dividende en 2019 et de l'abaissement de la note de crédit par S&P.

Le secteur bancaire (-1,54%) souffre du repli prononcé des rendements obligataires qui pèse sur la rentabilité des établissement financiers.

Celui des médias (-0,86%) tente tant bien que mal de résister à la baisse généralisée grâce au bond de 4,74% de l'allemand ProsienbenSat.1 en réaction à la prise d'une participation de 9,6% à son capital par l'italien Mediaset (-0,65%).

A Paris, Lagardère gagne 0,55% et Vivendi 0,33%.

En tête du SBF 120, EDF avance de 1,74%. "Ils ont eu leur grande réunion stratégique à côté de laquelle sont passés les gérants en raison de l'actualité sur Fiat et Renault. En gros, l'idée est d'isoler les actifs nucléaires d'EDF ainsi que d'autres activités dans des filiales séparées. Clairement, cela enlèverait une décote de holding d'un point de vue boursier", indique un trader basé à Paris.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 1,21%, après avoir touché en séance un plus bas de deux semaines, pénalisée par le repli des valeurs exposées à la Chine sur fond de tensions commerciales entre Pékin et Washington.

Les Bourses chinoises ont pour leur part clôturé en ordre dispersé, avec un gain de 0,16% pour l'indice composite de la Bourse de Shanghai et un repli de 0,23% pour le CSI 300 des grandes capitalisations de Chine continentale.

Les sociétés chinoises opérant dans le secteur des terres rares se sont envolées après une information de la presse officielle du pays indiquant que la Chine était disposée à user de sa position dominante dans les terres rares comme arme dans les négociations commerciales avec les Etats-Unis.

China Rare Earth Holdings Ltd, cotée à Hong Kong, a grimpé de 23,53% et JL MAG Rare-Earth Co Ltd, qui a reçu la visite du président chinois Xi Jinping la semaine dernière, a atteint un plus haut historique.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les indices de référence signalent un nouveau repli mercredi à l'ouverture, entre 0,6% et 0,8%, après voir déjà reculé la veille.

A la suite du week-end de trois jours du Memorial Day, l'indice Dow Jones a perdu 0,93%. Le S&P-500 a cédé 0,84% et le Nasdaq Composite a reculé de 0,39%.

CHANGES

En dépit de la baisse des rendements des Treasuries, le dollar parvient à renforcer ses gains de mardi, soutenu par la demande des investisseurs pour les actifs refuges.

Il profite aussi de la faiblesse de l'euro, pénalisé par le regain de tensions autour des finances de l'Italie. La devise unique évolue autour de 1,1150 dollar.

La publication du rapport américain sur les changes n'a pas eu d'impact sur le marché des devises : l'administration Trump a déclaré qu'elle n'accusait aucun des pays partenaires commerciaux des Etats-Unis de manipuler sa monnaie, tout en jugeant que les politiques de changes de neuf pays, dont la Chine, nécessitaient de rester sous étroite surveillance.

PÉTROLE

Les cours du brut perdent plus de 1% mercredi, les craintes de ralentissement économique lié au conflit commercial sino-américain l'emportant sur les restrictions d'offre reposant sur la politique de l'Opep de réduction de la production et les tensions politiques au Moyen-Orient.

Le baril de Brent retombe à 69,16 dollars et celui du brut léger américain se traite à 58,3 dollars.

(Édité par Patrick Vignal)

par Blandine Henault