Sitôt après l'ouverture, le 23 mai, de la procédure de sauvegarde de l'ensemble des sociétés holdings de Casino étranglées par leur dette, la Société générale a résilié des contrats conclus à la fin 2014 avec Foncière Euris et réclamé les 1.770.000 actions Rallye qui nantissaient ces contrats.

Foncière Euris, holding de contrôle de Rallye, avait obtenu l'interdiction provisoire de la réalisation de cette opération dans l'attente d'une décision sur le fond, mesure qui a été levée le 4 juillet par le président du tribunal de commerce de Paris.

Contrairement aux prêts ou lignes de crédit classiques, ces contrats, sous forme de produits dérivés, ne sont pas "gelés" par la procédure de sauvegarde en cours.

Cette décision ne peut donc pas être extrapolée à la masse de financements bancaires traditionnels accordés à la galaxie Casino, mais elle démontre "la défiance croissante de certaines banques à l’égard du 'dossier' Naouri", commente un analyste.

"Il semble que certaines banques ne semblent plus disposées à lui donner du temps et préfèrent exiger de toucher tout de suite leur garantie", ajoute-t-il.

Les analystes d'Invest Securities soulignent eux aussi que, compte tenu de la nature des contrats sous-jacents, "cette décision du tribunal ne peut pas faire jurisprudence et activer des transferts de propriété au sein du groupe Rallye/Casino en dehors des effets de la sauvegarde en cours".

SANCTION DU MARCHÉ

Interrogée, la SocGen s'est refusée mardi à tout commentaire sur cette opération comme sur l'avenir de ses 3,4% de Rallye.

En Bourse, le titre Rallye a mal réagi. Il cédait 5,3% à 6,02 euros à 14h20, accusant une chute de 33% depuis le début de l'année. De son côté, Foncière Euris, dont la part dans Rallye est ramenée à 58,1%, lâchait 5,1% à 13,00 euros.

Prise en étau entre une dette de 2,9 milliards d'euros et la chute du titre Casino qui constitue à la fois son principal actif et sa garantie auprès de ses prêteurs, Rallye a été contrainte de demander la protection du tribunal de commerce de Paris afin de suspendre le remboursement de sa dette et de pouvoir la renégocier avec ses créanciers.

La procédure était la seule issue pour protéger Casino, dont la génération de trésorerie est en grande partie absorbée par le dividende qu'il sert à sa maison-mère, afin que celle-ci puisse payer ses intérêts financiers.

Pour nombre de spécialistes, elle pourrait déboucher sur une prise de contrôle de Rallye par ses créanciers, tandis que Jean-Charles Naouri devrait quant à lui batailler pour obtenir du tribunal un rééchelonnement de dette.

La récente simplification des structures des opérations du groupe Casino en Amérique latine a été interprétée par certains comme une opération pouvant mieux valoriser et vendre ses actifs au Brésil, en Colombie, en Uruguay et en Argentine.

Les créanciers obligataires portent 40% de la dette de Rallye, le solde par des banques, notamment BNP Paribas, BPCE ou le Crédit agricole.

(Pascale Denis, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Pascale Denis