Catana Group a tenu ce 28 février son Assemblée Générale, entérinant un exercice 2017/2018 en croissance de 27% à 54.4 M€. Alors que le numéro un mondial Bénéteau a fait part début février d’une vision prudente sur l’évolution du marché mondial de la plaisance, les grands chantiers de catamarans sortent confortés dans leur optimisme au lendemain des derniers grands salons nautiques. Entretien avec David Etien, directeur financier de Catana Group.

David Etien, de grands salons nautiques internationaux ont eu lieu dernièrement. Observez-vous des signes de ralentissement de la demande ?
"Nous voyons aujourd’hui tout sauf un ralentissement de nos marchés. Notre carnet de commandes de bateaux s’élève, en incluant les facturations du 1er trimestre, à 60 M€ sur l’exercice en cours et déjà autant au-delà. Le catamaran correspond parfaitement aux besoins d’une clientèle qui recherche avant tout le confort de navigation et des espaces de vie importants, ce à quoi notre concept Bali et son open-space total répond particulièrement bien. Notre marché restera un marché cyclique, mais à ce jour nous ne voyons aucun signe de ralentissement. A noter que la location monte en puissance dans l’univers de la plaisance et représente de l’ordre de 60% de notre marché. Elle assure une certaine récurrence à nos débouchés".
 
Justement, Catana Group n’est-il pas trop dépendant de quelques grands loueurs qui peuvent changer de fournisseur et stopper leurs achats du jour au lendemain ?  
"Les loueurs tiennent à offrir une gamme diversifiée de bateaux provenant de différents chantiers. De plus, leurs achats intègrent la problématique de revente : leurs flottes doivent se renouveler rapidement. Les achats des loueurs sont donc très liés au propriétaire utilisateur du bateau in fine. Enfin, nous avons de nombreux petits loueurs parmi notre clientèle et les particuliers n’ont plus de réticence à acheter Bali maintenant que nous avons fait nos preuves. Je rappelle qu’en seulement quatre ans, nous sommes passés de 0 à 100 catamarans livrés sur le dernier exercice 2017/2018. Notre sujet n’est plus vraiment la demande mais la montée en cadence de la production. D’une centaine de bateaux en 2018, nous devrions passer à 140 cette année, pour monter à 180 voire 200 bateaux en 2020".

Le nouveau navire-amiral du chantier, le Bali 5.4
 
Cela passe-t-il par de nouveaux lancements ?
" Oui, nous sommes parvenus à atteindre une centaine de bateaux avec seulement trois modèles Bali cœur de gamme : les Bali 4.1, 4.3 et 4.5. Ces bateaux continueront de monter en puissance et nous allons d’ici début 2020 ajouter trois autres modèles, dont un moteur yacht de façon à offrir une gamme presque complète. Le Bali 5.4, dont le prix avoisine le million d’euros, commence tout juste à être livré et sera produit en une vingtaine d’exemplaires sur l’exercice clos à fin août 2019. Au printemps 2019, nous sortirons la version motor yachts du Bali 4.3, et enfin l’hiver prochain nous lancerons le Bali 4.8".
 
D’un point de vue industriel, comment allez-vous faire pour quasiment doubler la production en deux ans ?
"Nous avons trois sites de production, y compris notre filiale tunisienne détenue à 30% et notre sous-traitant historique de Marans. Chacun des sites va très modérément pousser les murs et recruter. L’effectif, qui s’élève à 630 personnes avec le sous-traitant de Marans, va continuer de croître mais beaucoup plus modérément que la production. Nous devons veiller à maîtriser notre point mort pour faire face à un éventuel repli du marché. L’essentiel des gains en capacité de production doit donc venir des gains productivité. Nous estimons pouvoir gagner 25 à 30% de productivité sur l’ensemble des sites".

Evolution des ventes, depuis 2013 (Source Document de référence 2017/2018)
 
Votre profitabilité opérationnelle progresse régulièrement mais reste relativement faible. Quelle est votre ambition sur ce point ?
"A ces gains de productivité viendra s’ajouter l’amélioration de notre mix produit. Les bateaux plus grands sont mieux margés. Nous avons passé les derniers exercices à nous structurer, à élargir la gamme, il s’agit maintenant d’activer dans les deux prochaines années le levier des gains de productivité pour atteindre une profitabilité à deux chiffres, plus conforme aux leaders du secteur".