Les déclarations du vice-président américain Mike Pence, qui s'est dit optimiste sur le fait que le président Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping fassent des progrès sur le dossier du commerce lors du prochain G20, ont aidé les indices boursiers américains en toute fin de séance.

Mais la chute des cours du pétrole, qui a pesé sur le secteur de l'énergie, a freiné toute tentative de rebond plus marqué.

L'indice Dow Jones a gagné 43,47 points (+0,17%) à 25.169,88 points. Le S&P-500, plus large, a pris 5,84 points, soit 0,21%, à 2.788,86 points.

De son côté, le Nasdaq Composite a avancé de 20,41 points (+0,27%) à 7.567,71 points.

"Aujourd'hui, c'est le soleil après la pluie mais les nuages noirs ne devraient pas disparaître pour de bon. Pékin a pris son temps avant de riposter à Washington mais la menace de réduire les exportations de terres rares vers les Etats-Unis a été une étape importante dans les tensions commerciales", observe David Madden, chez CMC Markets.

La presse officielle chinoise a rapporté mercredi que la Chine était disposée à user de sa position dominante dans les terres rares comme une arme dans les négociations commerciales avec les Etats-Unis.

En réponse, le Pentagone a annoncé être en quête de fonds fédéraux destinés à stimuler la production de terres rares aux Etats-Unis et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de la Chine.

Provoquer des conflits commerciaux relève du "terrorisme économique", a par ailleurs déclaré jeudi un diplomate chinois de haut rang, confirmant ainsi le changement de ton récent de Pékin face à Washington.

Dans ce contexte, les investisseurs redoutent que le conflit commercial entre les deux puissances économiques mondiales ne s'éternise et freine davantage la croissance économique mondiale.

La dégradation des relations sino-américaines sur le commerce a lourdement pesé à Wall Street ce mois-ci, les principaux indices accusant une baisse de plus de 5% en mai.

Parallèlement, les rendements obligataires ont chuté, celui des Treasuries à dix ans ayant touché un plus bas depuis septembre 2017.

VALEURS

Les valeurs bancaires, pénalisées par la faiblesse des taux d'intérêt ont reculé de 1,15% et le secteur de l'énergie a perdu 1,18% dans le sillage de la chute des cours du brut.

A l'inverse, le compartiment technologique, parmi les plus forts replis sectoriels ce mois-ci, a gagné 0,6%, aidé par le bond de 10,61% de Keysight Technologies en réaction à l'annonce de résultats trimestriels meilleurs que prévu.

Dollar General Corp a grimpé de 7,14%, le groupe de distribution à bas coûts ayant annoncé des ventes à magasins comparables et des résultats supérieurs aux attentes.

Viacom a gagné 3,49% après une information de presse selon laquelle CBS Corp (+3,19%) envisage des discussions dès la mi-juin en vue d'une fusion avec le groupe de médias.

TAUX

La remontée des rendements des Treasuries observée à l'ouverture positive de Wall Street n'a pas fait long feu : le taux à dix ans a fini à 2,2133% après un pic en séance à 2,285%. Il avait touché mercredi un creux à 2,21%, au plus bas depuis septembre 2017.

La courbe entre les rendements à dix ans et trois mois reste inversée.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, est remonté jusqu'à -0,148% en séance avant de clôturer à -0,169%. Il a mis fin à trois séances consécutives de baisse qui l'ont ramené jusqu'à -0,179%, son plus bas niveau depuis juillet 2016.

CHANGES

En dépit de la faiblesse des rendements des Treasuries, le dollar continue de profiter de son statut de valeur refuge et évolue non loin d'un pic d'une semaine face à un panier de devises de référence.

"La vigueur du dollar est surprenante étant donné que les marchés anticipent actuellement plusieurs baisses de taux d'ici 2020", commente Ulrich Leuchtmann, stratège sur les changes chez Commerzbank.

L'euro est pratiquement inchangé contre le billet vert à 1,1130, pénalisé par le regain de tension entre la Commission européenne et l'Italie au sujet des finances publiques de cette dernière.

Le ministre de l'Economie italien Giovanni Tria a déclaré jeudi que le déficit budgétaire serait inférieur à l'objectif officiel de 2,4% du produit intérieur brut (PIB) et qu'aucune mesure corrective ne s'imposait.

De son côté, le vice-président du Conseil italien Matteo Salvini a exclu la tenue d'élections législatives anticipées.

La livre sterling est pour sa part retombée brièvement jeudi sous la barre de 1,26 dollar pour la première fois depuis le 3 janvier dans un contexte d'incertitudes accrues sur le Brexit après le départ annoncé de la Première ministre Theresa May.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont chuté jeudi sur le Nymex pour tomber à des plus bas de deux mois, en réaction à l'annonce d'une diminution moins forte que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière, selon les données de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Les tensions commerciales persistantes entre Washington et Pékin pèsent également sur les cours, les investisseurs redoutant que le conflit ne freine la croissance économique mondiale et donc la demande en pétrole.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a cédé 3,8%, à 56,59 dollars. Le Brent perdait 4% à 66,64 dollars le baril.

Les deux contrats de référence sont en passe d'accuser des replis respectifs de l'ordre de 11% et 8% en mai, ce qui marquerait leur premier repli mensuel en cinq mois.

LES INDICATEURS DU JOUR

L'annonce d'une légère révision à la baisse de la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis au premier trimestre, à 3,1% contre 3,2% en première estimation, n'a eu aucun effet sur la tendance.

Autre indicateur sans impact sur les marchés, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont très légèrement augmenté la semaine dernière aux Etats-Unis, ce qui suggère que le marché du travail reste tendu malgré le ralentissement de l'économie.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont légèrement progressé jeudi dans des volumes extrêmement réduits en ce jour de l'Ascension, férié notamment en France, mais leur rebond paraît fragile sur fond de craintes persistantes autour des tensions entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux.

À Paris, le CAC 40 a pris 0,51% à 5.248,91 points. Le Footsie britannique a gagné 0,46% et le Dax allemand a avancé de 0,54%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,62%, le FTSEurofirst 300 de 0,35% et le Stoxx 600 de 0,42%.

À SUIVRE VENDREDI

La journée de vendredi sera marquée par deux indicateurs à surveiller: les indices PMI officiels chinois et, aux Etats-Unis, les statistiques des revenus et dépenses des ménages, accompagnées de l'indice des prix "core PCE", une mesure de l'inflation suivie de près par la Réserve fédérale.

(avec David Randall et Amy Caren Daniel à New York)

par Blandine Henault