Le journal, sur son site internet, ajoute que "certains candidats, écartés par le comité de nomination lors du processus de recrutement initial, pourraient ainsi revenir en lice pour le cockpit d'Air France, tandis que la quête d'un nouveau PDG pour Air France-KLM pourrait s'élargir à des candidats étrangers, moins au fait des subtilités de la situation sociale française".

La radio BFM Business avait auparavant rapporté que les compagnies KLM et Delta Airlines, respectivement filiale et actionnaire d'Air France-KLM, s'insurgeaient contre la candidature de Philippe Capron. KLM et Delta n'apprécient pas qu'Air France-KLM se dote à nouveau d'un PDG alors qu'elles réclamaient une gouvernance à deux têtes, ajoutait BFM.

L'action Air France-KLM a perdu 3,43% lundi, portant à 45% son recul depuis le début de l'année.

Une source proche du dossier indiquait vendredi que le directeur financier de Veolia, Philippe Capron, était bien placé pour devenir PDG du groupe aérien, dont l'Etat français détient 14,3%.

Dimanche, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a précisé que Philippe Capron était un candidat parmi d'autres. "Nous allons regarder avec tous les actionnaires du groupe", a-t-il ajouté.

LETTRE DES PILOTES

Selon BFM Business, la compagnie néerlandaise KLM, la compagnie américaine Delta - actionnaire à hauteur de 9% environ - et dans une moindre mesure la compagnie chinoise China Airlines, elle aussi actionnaire à 9% environ, ont engagé un bras de fer sur la nomination du futur PDG.

"Ils déplorent ce choix car il n'est pas un professionnel de l’aérien et n'a jamais été PDG", a rapporté BFM Business, citant un bon connaisseur de la situation.

Ces sujets, ainsi que le projet avec AccorHotels, pourraient être abordés mardi et mercredi lors d'un séminaire stratégique de la compagnie, selon la radio.

Une porte-parole d'Air France KLM s'est refusée à tout commentaire sur le sujet.

Plusieurs représentants des pilotes d'Air France et de KLM ont cosigné une lettre à la présidente non exécutive Anne-Marie Couderc pour protester contre la manière dont le processus de nomination se déroule, selon eux, en tout petit comité.

"Le cœur du sujet c’est vraiment qu’on a besoin d’un patron qui soit indépendant, en particulier des pouvoirs publics", a déclaré à Reuters le pilote Bernard Pédamon, ancien administrateur d'Air France-KLM et cosignataire de la lettre.

Selon lui, la possible nomination de Philippe Capron rappelle celles des deux derniers PDG Alexandre de Juniac, ex-directeur de cabinet à Bercy, et Jean-Marc Janaillac, ex-patron du groupe public de transport Transdev.

"On reproduit un schéma qui va conduire à redésigner un énarque, inspecteur des finances, donc qui n’a aucune indépendance d’esprit vis-à-vis de la sphère publique à qui il doit beaucoup de choses", a-t-il ajouté.

Pour Grégoire Aplincourt, président du Syndicat national des pilotes d'Air France (Spaf), qui représente environ un quart des pilotes de la compagnie, pas question pour autant de condamner par avance le futur PDG.

"On verra bien (...) s’il prend la peine de recevoir les syndicats rapidement et de nous écouter, s’il cherche vraiment une solution ou s’il veut faire de l’habillage. En fonction de ça, on réagira", a-t-il dit à Reuters.

Le Spaf a été le seul des dix syndicats de l'intersyndicale à maintenir son préavis de grève, peu suivi, du 23 au 26 juin pour faire pression sur la direction sur les demandes salariales

à l'origine du conflit social actuel.

(Gilles Guillaume, Cyril Altmeyer et Dominique Rodriguez)