Le conseil d'administration de LVMH s'est réuni cette semaine pour discuter des conséquences de la crise du coronavirus sur son projet de racheter Tiffany, a annoncé jeudi le géant du luxe, ouvrant potentiellement la voie à une tentative de renégocier les termes de l'opération.

LVMH a conclu en novembre un accord pour racheter l'emblématique joaillier américain pour 16,2 milliards de dollars (14,4 milliards d'euros), la plus importante acquisition de son histoire.

Dans le cadre de cette offre, le groupe dirigé par la plus grande fortune française, Bernard Arnault, prévoit de débourser 135 dollars par action en numéraire. Or, en raison notamment de l'impact de la pandémie de coronavirus, le cours de Bourse de Tiffany est depuis tombé à moins de 115 dollars.

Cela a alimenté la spéculation sur une éventuelle renégociation de l'offre de rachat de Tiffany. Mercredi, des sources proches du dossier ont indiqué à Reuters que LVMH réfléchissait en ce sens, tout en restant convaincu de la pertinence stratégique de cette opération.

"Le Conseil d'administration de LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton s'est réuni (mardi) et a notamment porté son attention sur l'évolution de la pandémie et son impact potentiel sur les résultats et les perspectives de la société Tiffany au regard de l'accord qui lie les deux groupes", a indiqué LVMH dans un court communiqué.

Le groupe n'a pas apporté d'autres précisions, indiquant seulement qu'il n'envisageait pas d'acheter d'actions Tiffany sur le marché, un scénario qui lui aurait permis de s'emparer de la société à moindre coût.

Tiffany, qui devait publier ses comptes trimestriels vendredi, a finalement décalé la publication au 9 juin.

A la Bourse de Paris, l'action LVMH reculait jeudi de 1,54% à 387,4 euros en fin de matinée alors que l'indice CAC 40 cédait 0,91%.

"Si vous croyez réellement à la longévité d'une opération, cela veut dire qu'il vous faudra juste un peu plus de temps pour récupérer l'argent dépensé pour acquérir l'actif", estime Michael Hewson, analyste de marché à CMC Markets, jugeant élevé le prix déboursé par LVMH pour acquérir Tiffany, avant même le début de l'épidémie.

(Sarah White, Blandine Hénault, Pawel Goraj et Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Stéphane Brosse)