Le holding Global City Theatres, qui appartient aux dirigeants-fondateurs de l'entreprise, Moshe et Israël Greidinger, a dû vendre une partie de ses parts dans Cineworld à un groupe d'investisseurs, pour refinancer les prêts existants, après le plongeon de l'action à cause des conséquences du coronavirus, qui a vidé les cinémas. L'accord a permis d'écarter la menace d'une cession des titres sur le marché, mais le répit pourrait être de courte durée, puisque l'action a perdu du terrain hier.

"Compte tenu de la volatilité observée sur les marchés des capitaux, il est probable que des montages de financement encore plus tendus soient mis à jour", prévient Paul Watters, responsable de la recherche crédit EMEA chez S&P Global. Environ 53,6 Mds€ de dette classée en catégorie spéculative (soit en-deçà de "BBB-" chez S&P) arrivent à échéance cette année, et 70,4 Mds€ de plus en 2021. Avec ces tensions, les entreprises très endettées ont peu de marge de manœuvre pour refinancer ou renégocier leurs dettes.

La notation crédit de Cineworld chez S&P
La notation crédit de Cineworld chez S&P

"Il est encore tôt pour en être sûr, mais je m'attends à recevoir des demandes sur la liquidité ou la réorganisation des dettes, qu'il s'agisse d'une renégociation des covenants ou, plus grave, d'un allègement des intérêts ou d'un report des échéances", a déclaré un conseiller en restructuration de la dette basé à Londres, sous couvert d'anonymat. Les coûts d'assurance de la dette des entreprises européennes notées "junks" ont grimpé en flèche lundi pour atteindre leur plus haut niveau depuis sept ans, les investisseurs se ruant sur les produits de couverture contre les défaillances d'entreprises.

Coût de l'assurance de la dette corporate junk européenne (Indice iTraxx Crossover)

Coût de l'assurance de la dette corporate junk européenne (Indice iTraxx Crossover)

Sans surprise, le marché de la dette a connu un coup d'arrêt récemment. 12 Mds€ ont été levés via 21 transactions la semaine dernière, contre une moyenne d'environ 45 Mds€ auparavant, selon les données de Refinitiv. Les entreprises qui étaient en difficultés avant que le virus ne frappe sont celles qui vont le plus souffrir, à l'image du spécialiste britannique des centres commerciaux Intu, qui s'est effondré après avoir été contraint de renoncer à une recapitalisation. A ce stade, S&P reste plutôt optimiste : l'agence 'attend à ce que la plupart des entreprises se redressent dans quelques mois.

Graphique Cineworld Group PLC

Jefferies estime que les développements récents n'ont pas dissipé les craintes des investisseurs. Toutefois, l'analyse initiale du spécialiste laisse penser que Cineworld a suffisamment de liquidités pour poursuivre sur quatre mois avec tous ses cinémas fermés… "un scénario qui semble pessimiste" à la banque britannique.