Londres (awp/afp) - Le Royaume-Uni va être fixé mardi sur l'ampleur de la récession historique causée par la pandémie, avec un effondrement attendu autour de 20% du PIB au deuxième trimestre, ce qui serait la pire performance en Europe.

L'Office national des statistiques (ONS) doit dévoiler à 06H00 GMT les chiffres du produit intérieur brut (PIB) qui devrait témoigner d'une chute inédite de l'activité, bien plus forte que lors de la crise financière de 2008.

Les économistes interrogés par Bloomberg prévoient en moyenne une baisse de 20,7% au deuxième trimestre, par rapport au précédent.

Comme le PIB avait déjà reculé de 2,2% au premier trimestre, le Royaume-Uni va officiellement entrer en récession, qui correspond selon les économistes à deux trimestres consécutifs de contraction.

L'activité a connu un trou d'air en avril, plongeant de 20,4%, avant de rebondir légèrement de 1,8% en mai à la faveur de premiers assouplissements des restrictions.

Le choc est sévère et à peine amorti par les mesures sans précédent et les dizaines de milliards de livres mobilisées par le gouvernement via des prêts ou des aides au maintien de l'emploi, ou par la Banque d'Angleterre avec des rachats d'actifs et un taux d'intérêt au plus bas historique et quasi nul.

Si le PIB baisse de plus de 20%, le Royaume-Uni aura signé la plus mauvaise performance au deuxième trimestre en Europe, devant l'Espagne (-18,5%) et bien plus que la France (-13,8%).

Le pays, qui compte le plus grand nombre de décès en Europe du coronavirus, fait les frais d'un déconfinement plus lent qu'ailleurs sur le continent, et d'une économie qui repose énormément sur les services, notamment les transports et les commerces touchés de plein fouet par la pandémie.

Lourds dégâts sociaux

La récession fait d'ailleurs déjà de très lourds dégâts sociaux, avec une baisse de 730.000 des personnes employées entre mars et juillet, selon des chiffres officiels publiés lundi.

Pas un jour ne passe ou presque sans annonce de suppressions d'emplois par milliers pour des entreprises qui s'inquiètent de la fin programmée en octobre du dispositif de chômage partiel.

Le taux de chômage devrait flamber, tout comme la précarité, avec des millions de Britanniques dépendants des minima sociaux.

Pour Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, il est certain que les chiffres du PIB "ne vont pas être jolis", mais "la question la plus importante est de savoir à quelle vitesse l'économie britannique va rebondir", et les chiffres de l'ONS sur le mois de juin seul devraient donc permettre d'en savoir plus.

Le ministre des Finances Rishi Sunak a semblé prudent sur le rythme de la reprise, évoquant les "épreuves" qui attendent le pays, et les membres de la Banque d'Angleterre eux-mêmes se sont divisés.

Les récents indicateurs témoignent toutefois d'un fort rebond que ce soit dans les ventes au détail, avec la réouverture de nombreux commerces à partir de juin, ou de l'activité du secteur privé avec la reprise de chantiers par exemple.

Dans ses prévisions dévoilées la semaine dernière, la BoE s'est montrée moins pessimiste sur la chute du PIB pour l'ensemble de 2020, prévoyant une baisse de 9,5%.

Mais elle s'attend dans le même temps à une reprise plus lente en 2021 et prévient que l'économie ne retrouvera son niveau d'avant la pandémie qu'en 2022.

afp/fr