Washington (awp/afp) - La Fed devrait laisser ses taux inchangés mercredi à l'issue de sa première réunion monétaire de l'année, malgré la pression de Donald Trump en faveur d'une nouvelle baisse, et alors que le nouveau coronavirus fait peser des incertitudes sur l'économie mondiale.

La Banque centrale américaine devrait confirmer la pause entamée en décembre, après avoir abaissé les taux à trois reprises d'affilée pour parer aux tensions commerciales sino-américaines, et à la faiblesse de la croissance mondiale.

Le président de la Fed Jerome Powell avait souhaité en décembre voir l'inflation "persister" avant de relever les taux. Celle-ci s'est établie à +2,3% en 2019, la plus importante croissance sur un an depuis octobre 2018.

Les acteurs sur les marchés s'attendent à une grande majorité (plus de 87%) à ce que la Réserve fédérale adopte un statu quo et maintienne son taux au jour le jour entre 1,50% et 1,75%, selon l'évaluation des produits à terme de CME Group.

Secteur manufacturier en récession

Pendant deux jours, les membres du Comité monétaire examineront à la loupe la situation économique des Etats-Unis, où la plupart des indicateurs sont au vert: emploi, services, confiance des consommateurs...

Seul le secteur manufacturier est en récession, victime de la guerre commerciale avec la Chine. Sur ce front toutefois, la trêve consécutive à l'accord signé le 15 janvier par les deux puissances économiques apporte un vent d'optimisme sur les marchés.

Mais alors que le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait une reprise de la croissance mondiale cette année, les perspectives mondiales sont désormais assombries par l'épidémie de coronavirus, qui a fait plus de 130 morts en Chine.

"Le Coronavirus introduit une nouvelle forme d'incertitude. (...) Les ruptures dans la chaîne d'approvisionnement mondiale peuvent être importantes", a ainsi indiqué à l'AFP Diane Swonk, économiste en chef pour Grant Thornton.

"Il est encore trop pour agir mais la Fed doit montrer qu'elle regarde cela de près", a-t-elle ajouté. Pour l'économiste Joel Naroff, le coronavirus aura des conséquences sur les décisions de la Fed "si cela affecte durablement les marchés et s'il y a des signes clairs de ralentissement de l'économie".

"C'est le moment"

La Fed va également regarder de près les prévisions de déficit de l'Etat fédéral américain, qui va se creuser de 160 milliards de dollars de plus que prévu sur la période 2020-2029 pour atteindre un total cumulé de 12.367 milliards de dollars, selon les services du budget du Congrès (CBO).

Quant au président Donald Trump, il a de nouveau fait pression sur la Fed, comme il en est coutumier, pour réclamer des baisses des taux toujours plus fortes.

Dans un tweet publié mardi matin peu après l'ouverture de la réunion monétaire, il a affirmé que "la Fed devrait faire preuve d'intelligence en abaissant les taux pour améliorer notre compétitivité par rapport à d'autres pays qui paient beaucoup moins cher". "Nous nous concentrerions alors sur le remboursement et le refinancement de la dette" américaine, a estimé le président, assurant que "c'est le moment", car "il n'y a quasiment pas d'inflation".

Mercredi dernier, depuis le forum économique de Davos (Suisse), il avait accusé l'institution d'avoir ralenti la croissance. "Beaucoup de mauvaises choses sont arrivées, à commencer par la Fed, qui n'a pas été bonne", avait-il affirmé. Lors de la dernière réunion du comité monétaire en décembre, la Banque centrale avait indiqué qu'elle anticipait toujours une croissance de l'économie à un rythme "modeste".

Elle avait alors laissé inchangée sa prévision d'expansion pour 2020 à 2% après 2,2% en 2019. Mercredi, les économistes auront aussi les yeux rivés sur les éventuelles dissensions au sein de la Fed.

La décision de maintenir les taux dans une fourchette comprise entre 1,50% et 1,75% avait été unanime en décembre.Mais lors des trois réunions précédentes, la baisse des taux d'intérêt avait divisé les membres du Comité monétaire.

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