Bientôt 20 ans après sa création, Cogelec, spécialiste du contrôle d’accès à l’habitat collectif, reste dirigé par ses six actionnaires fondateurs. Un beau témoignage de la qualité de cette PME vendéenne discrète, arrivée en Bourse en juin 2018. Une opération à 41,7 M€ qui lui a permis de lever 21 M€ d’argent frais, à 11,75 € par titre. Depuis, le cours de l’action a été divisé par deux. La baisse du compartiment des valeurs moyennes fin 2018 n'a pas épargné Cogelec à un moment où le renforcement des équipes commerciales pèse sur les marges avant de permettre une accélération de la croissance. Nous avons rencontré Roger Leclerc, Président et Fondateur, pour faire le point sur la trajectoire de son groupe. 

Roger Leclerc, votre arrivée en Bourse est récente. Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste votre activité et quel est votre projet ?
"Cogelec est le leader français du contrôle d’accès dans l’habitat collectif. Dès 2007, nous avons créé la première offre globale d’interphonie sans fil par abonnement sous la marque Intratone. Cette offre unique, qui a conquis un quart du marché français, dispose d’un modèle économique disruptif intégrant à la fois un équipement, une solution d’interphonie et un outil de gestion en ligne. Cogelec abonne plus d’un million de logements, dont 150 000 nouveaux logements en 2018, sur un total de 15,4 millions de logements potentiels à équiper en France. Présent à l’export depuis 6 ans, Cogelec propose également ses solutions en Allemagne, au Royaume-Uni, au Pays-Bas et en Belgique au travers de filiales créées ou en cours de création.
 

Des platines Intratone de Cogelec (Source Société)

Basé sur un modèle de production fabless et de distribution indirecte associé à une relation de proximité très forte avec les clients finaux que sont les bailleurs sociaux et syndics, nous avons réalisé 33,6 M€ de chiffre d’affaires en 2018, soit 9,6% de croissance. Nous nous sommes introduits en Bourse pour consolider l’entreprise et permettre la sortie d’investisseurs dont les fonds arrivaient à maturité. Les fondateurs de l’entreprise n’ont pas vendu d’action à cette occasion et sont pleinement et sereinement engagés dans la réalisation d’un plan de développement qui doit mener l’entreprise à réaliser 90 millions d’euros à horizon 2021".
 
Les publications qui se sont succédé depuis l’introduction en Bourse de Cogelec ont fait état d’un ralentissement de la croissance et d’une baisse de la profitabilité du groupe. En 8 mois, sa valorisation a été divisée par deux Que dites-vous aux investisseurs de la première heure ?
"Je leurs dis que nous sommes en train de dérouler le plan qui doit nous mener à 90 M€ de chiffre d’affaires en 2021. Nous sommes positionnés sur un marché immobilier qui a toujours fait preuve d’une forte inertie : les cycles de décision sont longs et les clients font preuve d’un certain conservatisme vis-à-vis de l’innovation. En France, la période des élections présidentielles puis l’attentisme créé par les évolutions réglementaires pour les bailleurs sociaux ont décalé dans le temps la réalisation de nombreux projets. 2019 devrait donc marquer une accélération. Quant à notre stratégie à l’international, elle connaît une montée en puissance progressive, avec des années 2018 et 2019 consacrées au recrutement et à la formation de nouveaux commerciaux. Nous comptons aujourd’hui 30 commerciaux à l’export, contre 15 en France. Cet investissement pèse naturellement sur nos marges dans un premier temps, pour ensuite voir le chiffre d’affaires décoller et atteindre 30 M€ en 2021 dans les quatre pays que nous avons ciblé. Nous suivons de près les nombreux indicateurs en notre possession et nous sommes très satisfaits des équipes nouvellement constituées et qui, à ce jour, tiennent leurs promesses. Forts de cet investissement conséquent dans le capital humain et de l’indépendance financière que nous a apporté la levée de fonds en Bourse, nous avons les moyens d’atteindre les objectifs fixés. "
 
Vous lancez ces jours-ci la commercialisation d’une technologie de rupture, la clé électronique Kibolt, qui doit contribuer à hauteur de 15 M€ dans le chiffre d’affaires 2021. De quoi s’agit-il et quels sont les enjeux sur ce produit ?
"Kibolt est une clé connectée qui ouvre non plus la seule porte d’entrée de l’immeuble, mais l’ensemble des portes (locaux poubelles et vélos, portes intérieures) grâce à un cylindre électronique qui propose une gestion centralisée des droits d’accès. Nous avons investi 3,2 M€ en R&D dans ce produit. La phase de tests clients, qui a duré plusieurs années, vient de s’achever et nous entrons maintenant dans une phase de déploiement à grande échelle. Nous venons d’en arrêter le prix qui sera de 180 € pour le cylindre et 40 € pour la clé.

Kibolt, la clef électronique de dernière génération (Source Cogelec)

Aujourd’hui, l’enjeu réside moins dans le succès de la demande, ce produit étant très attendu de la part notre clientèle historique, en particulier les bailleurs sociaux, que dans la qualité de la montée en charge de la production et de l’installation en grande série. Quand nous aurons validé cette phase, fin 2019, nous pourrons alors entamer une phase de commercialisation plus poussée".
 

Le site vendéen de Cogelec (Copyright RG)

L'auteur est actionnaire à titre personnel.