La contre-offre de Comcast à 12,50 livres par action, en numéraire, a été saluée par les administrateurs indépendants de Sky qui ont annoncé leur souhait de discuter à la fois avec le câblo-opérateur américain et Fox. Ils ont prévenu qu'aucune proposition ne pouvait encore être soumise aux actionnaires et leur ont conseillé de ne rien faire pour le moment.

Fox, qui détient déjà 39% de Sky, avait soumis en décembre 2016 une offre à 10,75 livres par action, en numéraire également, pour acquérir les 61% qu'il ne possède pas encore.

Les autorités britanniques ont tardé à se prononcer, inquiètes de l'influence que pourrait exercer Rupert Murdoch, déjà propriétaire des journaux The Times et The Sun, s'il prenait le contrôle du groupe de télévision.

Le projet de rachat s'est compliqué quand Fox a accepté de céder un grand nombre de ses actifs dans la télévision et le cinéma à Walt Disney, y compris sa participation dans Sky, pour 52 milliards de dollars.

"A la suite de l'annonce de cette offre supérieure en numéraire, le comité indépendant retire sa recommandation sur l'offre annoncée par Twenty-First Century Fox le 15 décembre 2016 et met fin à l'accord de coopération conclu avec Twenty-First Century Fox à la même date", déclare Sky dans un communiqué.

SKY BONDIT DE PRÈS DE 4% EN BOURSE

Le PDG de Comcast, Brian L. Roberts, a déclaré que le retrait de la recommandation de l'offre de Fox était ce qu'il voulait obtenir en officialisant son offre mercredi.

"Le conseil d'administration qui confirme que la priorité sera l'intérêt des actionnaires, c'est une étape parfaite pour nous aujourd'hui", a-t-il dit.

Sky est présidé par James Murdoch, un des fils de Rupert, qui a joué un rôle clé pour faire de l'entreprise l'un des grands groupes de télévision européens, en développant ses activités en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Grande-Bretagne.

Comme il occupe également le poste de directeur général de Fox, Sky a formé un comité d'administrateurs indépendants pour étudier les offres qui lui étaient soumises.

Le titre Sky a fini en hausse de 3,90% à 13,59 livres à la Bourse de Londres, un cours bien supérieur à l'offre de Comcast qui donne à penser que certains actionnaires anticipent une surenchère.

Allan Nichols, analyste chez Morningstar, estime que l'offre de Comcast valorise pleinement Sky et que tout relèvement serait négatif pour les actionnaires de Comcast, de Disney ou de Fox. Cela pourrait limiter la perspective d'une bataille boursière, écrit-il dans une note.

Fox a maintenu son offre en attendant et a dit étudier ses options.

"UNE OPPORTUNITÉ UNIQUE"

Le fonds activiste Elliott a pris une participation de presque 3% dans Sky et, à sa suite, d'autres actionnaires ont également fait valoir que l'accord entre Fox et Disney conférait une plus grande valeur à Sky.

Comcast, le propriétaire entre autres de NBC et d'Universal Pictures, a dit avoir officialisé sa proposition mercredi pour qu'elle coïncide avec la publication de ses résultats, lui offrant la possibilité d'en expliquer l'intérêt aux investisseurs.

L'action Comcast prend 2,98% à 34,35 dollars vers 16h00 GMT à la Bourse de New York. Le groupe a annoncé un bénéfice meilleur que prévu et une croissance de 10,7% de son chiffre d'affaires trimestriel, à 22,79 milliards de dollars.

Brian Roberts a souligné que Comcast s'était développé grâce à des investissements audacieux depuis la création du groupe par son père en 1963.

"Quand vous voyez des opportunités qui ne se représenteront pas - des opportunités uniques - vous devez les étudier avec une attention accrue", a-t-il dit. "Sky sera notre plate-forme de croissance en Europe."

Il a indiqué que Comcast continuait à travailler avec la Commission européenne pour obtenir le feu vert des régulateurs, ajoutant qu'il ne pensait pas qu'une enquête des autorités britanniques serait requise.

"Nous croyons en l'importance de l'information, de l'intégrité qui la sous-tend (et) nous avons déjà fait nos preuves en matière de gestion et d'investissement", a-t-il dit.

Comcast a précisé avoir obtenu un prêt relais pouvant aller jusqu'à 16 milliards de livres et un contrat de prêt à terme de sept milliards de livres destinés à financer cette opération.

(Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Paul Sandle