La baisse de 5% des revenus dans la banque d'investissement, apparemment pénalisée par les perquisitions de fin novembre dans le cadre d'une enquête pour blanchiment d'argent qui ont refroidi la clientèle, pèse aussi sur le cours de Bourse du premier groupe bancaire d'Allemagne.

L'action Deutsche Bank perdait plus de 3% en début d'après-midi à la Bourse de Francfort, dans un marché pratiquement étale. Le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur en 2018.

Les résultats publiés vendredi montrent que Deutsche Bank, qui fait l'objet de spéculations récurrentes sur une fusion avec le deuxième groupe bancaire d'Allemagne Commerzbank, a encore beaucoup à faire pour retrouver une rentabilité durable.

Au quatrième trimestre, comme un grand nombre de ses concurrents en raison de la volatilité des marchés en fin d'année, Deutsche a été pénalisé par la faiblesse persistante de son trading, une des grosses activités de la banque, notamment son trading obligataire dont les revenus ont chuté de 23%.

La perte nette trimestrielle du groupe bancaire est ainsi ressortie à 409 millions d'euros, contre -268 millions attendus en moyenne par le marché.

Sur l'exercice 2018, le bénéfice net ressort en revanche à 341 millions d'euros, contre une perte nette de 735 millions en 2017. Le ratio CET 1 était de 13,6% à fin décembre 2018.

"Notre retour à la rentabilité montre que Deutsche Bank est sur la bonne voie", s'est félicité le président du directoire Christian Sewing.

"En 2019, nous visons non seulement la réduction des coûts mais aussi des investissements ciblés. Nous voulons accroître la rentabilité de manière substantielle tout au long de cette année et au-delà."

NI PRESSION NI INTERVENTION

Repasser dans le vert est un exploit à mettre au crédit de Christian Sewing, qui a pris ses fonctions en avril dernier et a engagé un plan de restructuration. Dans une lettre aux personnels du groupe, le dirigeant a déclaré vendredi qu'environ 6.000 postes avaient été supprimés l'an dernier.

Deutsche Bank est considéré comme l'un des groupes bancaires majeurs du système financier mondial, avec JPMorgan Chase, Bank of America et Citigroup.

Christian Sewing, interrogé sur les spéculations de fusion lors de la conférence téléphonique avec les analystes, a réaffirmé que la banque était concentrée sur l'exécution de son plan de redressement, qu'elle abordait avec "beaucoup de confiance" en 2019.

Il a aussi nié toute pression du gouvernement allemand en faveur d'une fusion, selon des propos rapportés par ailleurs par la chaîne de télévision allemande n-tv. "Je n'en ressens pas. Et il n'y a pas non plus d'intervention", a-t-il dit.

Jeudi, des sources proches du dossier ont déclaré que le temps pressait pour Deutsche Bank, rendant plus probable une fusion avec Commerzbank. La réaction en Bourse aux résultats des deux banques sera un élément de décision, selon une des sources.

Commerzbank doit publier ses comptes 2018 le 14 février.

Le quotidien Süddeutsche Zeitung écrit vendredi que la Banque centrale européenne a fixé les conditions d'une éventuelle fusion entre les deux banques. Celles-ci devraient toutes deux atteindre une rentabilité durable pour pouvoir fusionner et les actionnaires pourraient être amenés à injecter des capitaux supplémentaires.

La BCE a décliné une demande de commentaire faite par le journal.

(Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Tom Sims