Richemont chute de près de 8% à 91,4 francs suisses, emportant son concurrent Swatch Group (-2,2%) dans son sillage. Le repli des deux géants français, LVMH et Kering, est plus limité en raison de leur moindre exposition au marché de l'horlogerie. Richemont a pris tout le monde de court ce matin en dévoilant des résultats annuels nettement inférieurs aux attentes en raison de la faiblesse persistante des montres.

Alors que ce marché semblait durablement reparti grâce à l'appétit retrouvé des Chinois pour les luxueux garde-temps, le propriétaire de Cartier, IWC Jaeger-LeCoultre ou Officine Panerai, a été contraint de procéder, comme au pire de la crise du secteur en 2016, à des rachats de stocks de montres invendues auprès des distributeurs. Cette stratégie permet au groupe de renouveler l'offre de ses détaillants et surtout, d'empêcher ces derniers de brader les montres et de nuire ainsi à l'image des marques.
Pour conserver toute son aura, le  groupe suisse a acquis 203 millions d'euros de montres, une opération qui n'était pas prise en compte par les analystes et qui pèse sur les comptes.

Le bénéfice net 2017/2018 (exercice clos fin mars) de Richemont affiche un modeste gain de 1% à 1,221 milliard d'euros, bien loin du consensus qui le donnait à 1,719 milliard. Le chiffre d'affaires a grimpé, lui, de 3% à 10,979 milliards, contre un consensus de 11,218 milliards.

Ces chiffres décevants n'ont pas empêché le groupe de relever son dividende annuel à 1,90 franc suisse par action, contre 1,81 franc suisse un an plus tôt.

Richemont, qui ne s'interdit ni investissements, ni cessions dans les mois et années à venir, affiche d'ailleurs sa confiance. "La solidité de notre cash flow et de notre structure financière doivent nous permettre de réaliser le plein potentiel du groupe dans les 30 années à venir", a souligné la société.

Dans un communiqué distinct, Richemont a annoncé la nomination d'Eric Vallat, ancien directeur général de la Maison Rémy Martin et président de Mount Gay Rum, à la tête de la branche Mode et Accessoires. Il intègre également le Comité exécutif.

Dans une note publiée ce matin, UBS souligne la bonne performance de la joaillerie et de la mode mais se dit déçu par les montres. De plus, le broker attendait un dividende plus élevé, de 2 euros par action. Aussi, le bureau d'études a confirmé son opinion Neutre et son objectif de cours de 100 francs suisses.