S'il n'a pas emboîté le pas à ses concurrents Daimler ou BMW, contraints d'avertir récemment sur leurs résultats annuels, le groupe au losange a cependant lui aussi invoqué "une faible visibilité" pour le reste de l'année en raison notamment des retombées des nouvelles normes d'homologation.

"Ce ne fut pas un trimestre facile car nous avons dû faire face à des vents contraires comme le WLTP, l'Iran, des marchés émergents difficiles et l'impact des devises", a déclaré la directrice financière Clotilde Delbos, au cours d'une téléconférence avec les analystes. "Mais nous avons fait preuve d'une forte résilience et confirmons aujourd'hui nos prévisions pour l'année."

Le constructeur a réalisé sur les trois derniers mois un chiffre d'affaires de 11,484 milliards d'euros, en baisse de 6% et inférieur au consensus Reuters/Inquiry Financial de 12,17 milliards. A taux de change et périmètre constants, la baisse ressort à 1,4%.

Le plus international des constructeurs automobiles français est confronté à un ralentissement de ses immatriculations sur les régions Afrique Moyen-Orient Inde, à cause de la baisse des volumes sur le marché indien et de l'arrêt des activités en Iran, ainsi qu'à une forte baisse des volumes en Turquie.

Pour prendre le relais du marché iranien, Renault étudie actuellement le potentiel de l'Afrique du Sud, et pour continuer de tirer parti de sa base de production turque, il réfléchit à de nouveaux marchés pour la Mégane produite sur place.

FAIBLE VISIBILITÉ SUR LA FIN DE L'ANNÉE

Hors d'Europe, les immatriculations du groupe ont baissé au total de 2% sur le trimestre, tandis qu'elles ont grimpé de 8,6% sur le marché européen.

Renault estime y avoir bien géré le passage aux nouvelles normes d'homologation WLTP, qui ont provoqué un boom des ventes en août puis une rechute en septembre, le mois de leur entrée en vigueur. Le groupe a précisé que ces perturbations pourraient brouiller l'horizon du quatrième trimestre.

"La visibilité n'est pas formidable, car l'activité pourrait toujours se trouver impactée dans le sillage du WLTP", a ajouté Clotilde Delbos. Cela crée des incertitudes sur le niveau de la demande pour le reste de l'année."

A 10h49, l'action Renault perd 2,5852% à 64,06 euros.

"Renault a publié des ventes inférieures aux attentes (...) à cause de ses volumes, des ventes aux partenaires et il est clair que le WLTP a aussi joué un rôle", commente Arndt Ellinghorst, analyste chez Evercore. "Le groupe a confirmé ses objectifs mais abaissé ses prévisions de marché (...) la saison des trimestriels ne commence pas sur une note très concluante."

Sur neuf mois, le chiffre d'affaires total ressort en légère baisse de 0,8%, et en hausse de 4,4% à périmètre et changes constants. Cela a conforté Renault dans ses objectifs 2018, notamment une hausse de son chiffre d'affaires à changes et périmètre constants et une marge opérationnelle supérieure à 6%.

Clotilde Delbos a souligné que le groupe continuerait de s'efforcer de compenser les vents contraires avec sa politique tarifaire. Au troisième trimestre, les prix ont ajouté 181 millions d'euros au chiffre d'affaires de l'automobile hors Avtovaz, un élément rassurant sur l'ampleur des ristournes pré-WLTP, tandis que les changes ont pesé à hauteur de 444 millions.

Les ventes au partenaires ont quant à elles pesé à hauteur de 358 millions, reflet de l'arrêt de l'activité en Iran, de la baisse du marché chinois et de la disgrâce du diesel, qui affecte les ventes de moteurs Renault à ses partenaires Nissan ou Daimler.

(Edité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume et Laurence Frost