Les cinq signaux suivants permettent aux investisseurs entreprenants d'identifier de potentielles opportunités parmi les sociétés cotées.

Premier signal : des valorisations déprimées
 
En premier lieu, on recherchera des sociétés valorisées par le marché à une fraction du coût de reproduction de leurs actifs.
 
Le postulat théorique est simple : indépendamment de sa capacité bénéficiaire – mais sous réserve que celle-ci soit réelle sur le cycle long – une activité industrielle vaut au moins le coût de reproduction des actifs nécessaires à son exploitation, car c’est typiquement ce qu'un concurrent ou un nouvel entrant devrait investir pour l'exercer.
 
Dans le cas des activités peu capitalistiques, on s'intéressera plus simplement aux sociétés valorisées à un faible multiple de leurs profits, en veillant à retenir un profit lissé sur le cycle long – dit « normalisé » – plutôt qu'un profit ponctuel et parfois tout à fait exceptionnel.
 
Second signal : une concurrence institutionnelle aux abonnés absents
 
Les marchés financiers, après tout, obéissent aux mêmes lois fondamentales que tous les autres marchés : les prix y fluctuent en fonction de l'offre et de la demande.
 
Lorsqu'on trouve plus de capital prêt à être investi (la demande) que d'actifs disponibles (l'offre), les prix de ces derniers augmentent logiquement au fil des enchères ; à l'inverse, lorsque trop peu de capital est disponible et/ou "volontaire", les prix des actifs s'ajustent à la baisse pour rester compétitifs.

Une bonne piste de recherche d'opportunités consiste donc à identifier les secteurs boudés ou délaissés par les investisseurs institutionnels. Par exemple, en ce moment, l'automobile, l'immobilier commercial nord-américain, les marchés émergents, ou les équipements de forage d'hydrocarbures offshore.
 
Troisième signal : une gestion indicielle trop obtuse
 
Par nature "systématique" et irréfléchie – c'est justement sa force – la gestion indicielle ouvre parfois d'étonnants boulevards d'opportunités aux investisseurs à l'affût d'inefficiences.
 
Par exemple, une société qui suspend son dividende – parfois pour des raisons tout à fait légitimes, comme protéger son bilan ou assurer le financement d'investissements de croissance – sera automatiquement éjectée des fonds indiciels concentrés sur le rendement.
 
La même dynamique est à l'œuvre lorsque certaines sociétés sortent des grands index, procèdent à des spin-offs, etc. 
 
Quatrième signal : un pessimisme extrême
 
Sensationnalisme et effet de groupe obligent, la presse et les médias amplifient toujours l'actualité du moment au-delà de sa portée réelle. 
 
En conséquence, les problèmes y sont présentés comme autrement plus cataclysmiques qu'ils ne sont réellement, et les conjonctures heureuses autrement plus durables qu'elles ne le seront jamais. Les bulles financières offrent bien sûr des illustrations frappantes de ces hystéries collectives.
 
Pour rebondir sur le second critère présenté plus haut, lorsqu'une activité défavorable prévaut quelque part – comme aujourd'hui sur les marchés émergents – le mandat des investisseurs institutionnels évolue pour leur interdire d'investir sur le segment de la cote concerné. 
 
Plutôt que de vouloir battre la concurrence, les investisseurs entreprenants peuvent ainsi éliminer la concurrence. 
 
Cinquième signal : capitalisés pour survivre
 
En période de stress, les bilans des sociétés sélectionnées à l’aide des quatre signaux précédents doivent prévenir de manière certaine le risque de faillite, et garantir une capacité de survie à long terme – c'est-à-dire une capacité à supporter un bas de cycle prolongé.
 
La qualité des positions financières dans les moments critiques – comme les grandes crises – permet aussi d'évaluer la qualité des managements, et distinguer ceux qui ont prévu de ceux qui se sont laissés surprendre.
 
Pour ces premiers, les crises sont synonymes d'opportunités : bien capitalisés, ils profitent des difficultés de leurs concurrents moins prudents – et généralement au bord de la banqueroute, car endettés et déficitaires – pour les racheter à moindre prix, et ainsi se placer de manière stratégique lorsque la reprise surviendra.