par Sonali Paul et Alison Bevege

MELBOURNE/SYDNEY, 11 novembre (Reuters) - Quatre mille Australiens ont assisté dimanche aux cérémonies organisées à Melbourne pour le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, malgré l'agression au couteau qui a fait un mort et deux blessés l'avant-veille, à quelques centaines de mètres du lieu des célébrations.

"La vie continue", a déclaré Kate Mansell, venue y assister avec ses deux enfants, sous les yeux de policiers discrets mais présents en nombre.

Le Pellegrini Espresso Bar, devant lequel s'entassent la gerbes de fleurs, est resté fermé dimanche. C'est son propriétaire, le célèbre Sisto Malaspina, qui a été tué vendredi au cours de l'agression, revendiquée par les djihadistes de l'Etat islamique.

Selon des témoins, il est allé au-devant du malfaiteur pour lui proposer son aide, pensant que sa voiture était en panne, alors qu'il essayait d'y mettre le feu pour faire exploser les bouteilles de gaz entassées à l'intérieur. Aucune explosion n'a eu lieu.

Michael Rogers, un sans-abri qui s'est interposé alors que l'agresseur se ruait sur deux policiers, est quant à lui devenu un héros national. Dans la soirée, la collecte organisée à son profit avait permis de rassembler 50.000 dollars australiens (32.000 euros).

La police a qualifié l'agression d'acte terroriste et juge que son auteur, un homme d'origine somalienne âgé de 30 ans nommé Hassan Khalif Shire Ali, a été inspiré par l'EI. Blessé par les forces de l'ordre, il est décédé à l'hôpital.

Son passeport australien lui avait été retiré en 2015 à la suite d'une note des services de renseignement indiquant qu'il comptait se rendre en Syrie. Considéré comme un islamiste radicalisé, il n'était cependant pas jugé menaçant.

"La police ne peut pas envisager toutes les situations (...) C’est pourquoi il est important pour nous de recueillir autant d’informations auprès des imams, des conjoints, des membres de la famille, des voisins, des conseillers municipaux, des personnes susceptibles d’interagir avec ceux qui se radicalisent", dit le ministre de l'Intérieur, Peter Dutton, dans un entretien accordé à l'agence Associated Press.

Selon Imam Isse Musse, un ami de la famille d'Hassan Khalif Shire Ali, il souffrait de troubles mentaux.

Dans la capitale, les cérémonies du centenaire de la fin de la Grande Guerre se sont déroulées en présence du Premier ministre Scott Morrison, le chef d'état-major des armées, le général Angus Campbell, et de diplomates.

"Alors que nous célébrons le centenaire de l'Armistice (...), les profondes cicatrices de la guerre sont encore bien présentes dans nos esprits et nous souhaitons les empêcher de troubler l'âme australienne", a déclaré le chef du gouvernement. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)