"C'est un sujet pour nous tous. Les Chinois (...) sont sur le mode offensif sur l'Europe comme ils l'ont été sur l'Afrique. Ils ont trouvé un point faible qui est la Grèce, la Macédoine, tous ces petits pays", a dit Patrick Pouyanné à des journalistes en marge d'une visite d'Etat d'Emmanuel Macron en Grèce.

En juin, le président français a appelé la Commission européenne à instaurer une forme de contrôle de certains investissements réalisés par des pays extérieurs à l'Union dans des secteurs stratégiques, une initiative soutenue par d'autres nations d'Europe de l'Ouest.

Certains pays de l'Est et du Sud de l'Europe, qui ont bénéficié des investissements chinois ces dernières années, ont cependant rejeté toute mesure contre Pékin.

Les dirigeants français veulent éviter que d'autres secteurs stratégiques pour l'économie grecque ne tombent entre les mains d'entreprises non européennes après la prise de contrôle du port du Pirée par le géant chinois Cosco, en 2016.

"L’Europe qui protège, c’est également celle qui protège nos investissements stratégiques", a déclaré Emmanuel Macron jeudi lors de sa visite en Grèce. "Je souhaite que la Grèce puisse continuer à rester attractive, à s’ouvrir aux investisseurs internationaux et que l’Europe l’aide pleinement."

PUISSANCE DE FRAPPE CHINOISE

Le PDG de Total a soutenu l'appel du chef de l'Etat à une plus grande réciprocité avec la Chine, dont les entreprises peuvent compter sur la force de frappe financière "infinie" de Pékin.

"C'est quand même une économie d'Etat. Il n'y a qu'à Bruxelles que les gens pensent que c'est une économie de marché", a déclaré Patrick Pouyanné. "C'est une économie d'Etat et on le voit dans une industrie comme le solaire, où ils inondent, ils font du 'dumping'".

Le dirigeant a ajouté que seule une réponse commune des pays européens serait à même de contrer une stratégie selon laquelle les investisseurs chinois "divisent le système".

"Sur ces sujets, je ne peux être que d'accord avec (Emmanuel Macron). On n'arrivera pas à se battre chacun d'entre nous."

Toujours selon Patrick Pouyanné, les investissements chinois en Europe pourraient déclencher un contrecoup similaire à celui que connaît le continent africain, où certains pays se plaignent du manque de "contenu local" dû au recours à une main d'oeuvre chinoise.

"Il ne faut pas les laisser y aller tout seuls, il faut que les boîtes européennes s'allient avec eux pour maîtriser le capital. Il ne faut pas refuser le capital chinois", a-t-il dit.

(Michel Rose, Benjamin Mallet pour le service français, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Total, COSCO SHIPPING Holdings Co Ltd