L'automne est certes propice aux variations d'humeurs, mais les réalités économiques ne s'écrivent ni en vers, ni en prose. Elles s'imposent à notre continent avec force et il suffit de lire la presse spécialisée pour comprendre que nous vivons un moment stratégique qui ne doit pas pour autant nous conduire à un pessimisme chronique.

Nicolas Baverez dans Le Point pointait la question de l'Allemagne en titrant : « Europe, le problème Merkel ». Or que nous disait-il ? « L'Allemagne n'est plus immunisée contre l'extrémisme par son histoire et sa réussite économique. L'Allemagne était devenue un môle de stabilité en Europe en raison de sa puissance économique et de la solidité de sa démocratie sociale. Sa transformation en source d'incertitude constitue une très mauvaise nouvelle pour l'UE comme pour la France d'Emmanuel Macron ». Et Nicolas Baverez de pointer du doigt Angela Merkel sans détour : « La chancelière n'a servi que sa propre longévité et les intérêts du contribuable allemand sans adapter l'Allemagne aux grandes transformations propres à notre temps, ni montrer de réelles ambitions pour l'Europe. Elle n'est plus une solution, mais un obstacle à la réinvention du modèle allemand et de l'Europe ». Hoops ! Voilà qui est dit.

La version française du magazine Forbes ajoutant dans son numéro de décembre une analyse quelque peu fébrile : « Plusieurs sujets perturbent l'Europe ces derniers mois : Brexit, Italie et la guerre commerciale en particulier. Les derniers chiffres économiques sont mauvais en Allemagne ».

Le Brexit donc ! Une fois encore, un ping-pong anxiogène : « Le cours de la livre sterling est l'indicateur de marché le plus efficace pour suivre l'avancée des négociations : il monte par rapport au dollar lorsque l'accord est proche, il baisse dans le cas contraire.

Jusqu'à une période récente, les marchés européens semblaient faire peu de cas de l'évolution des négociations. Ce n'est plus vrai aujourd'hui.

Les avancées et les blocages successifs provoquent des mouvements de plus en plus importants sur les marchés. Beaucoup d'investisseurs doutent de plus en plus des perspectives économiques et boursières de la Zone euro. L'Allemagne a affiché un recul de 0.2 % de son PIB, le secteur automobile souffre particulièrement ».

Nous évoquions le spleen de l'Europe, il existe bel et bien.

Le contexte n'est donc pas très favorable à l'investissement en actions à court terme. La baisse de ces derniers mois en Europe, si elle dure encore, pourrait effectivement, à terme, amplifier la morosité économique. Et le magazine Forbes d'ajouter : « la baisse des cours des banques depuis le début d'année va aussi finir par conduire à un ralentissement de la croissance du crédit ce qui est négatif pour la conjoncture. Dans ce contexte morose à court terme, 3 éléments pourraient jouer positivement à plus long terme. 1) La BCE pourrait à un moment ou à un autre annoncer qu'elle poursuit son soutien à l'économie. Elle a d'ailleurs annoncé il y a quelques jours qu'elle accordait des liquidités supplémentaires aux banques. Cette nouvelle est passée inaperçue mais constitue un signal positif fort. 2) L'économie n'étant pas très vigoureuse, les taux longs ne peuvent pas trop monter. Si les tensions politiques se calment les entreprises vont voir leur coût d'emprunt rester très bas, ce qui devrait aider à faire repartir l'investissement. 3) Enfin, la baisse de 20 % du pétrole en un peu plus d'un mois est favorable à toute l'industrie de la Zone euro ».

Tout ne serait donc pas si sombre, mais notre psychologie collective est mise à mal ».

En France, le taux de chômage est stable à 9,1% de la population active en France entière (hors Mayotte) au 3e trimestre, selon des chiffres provisoires de l'Insee publiés mardi, avec 2,73 millions de chômeurs. Sur un an, le taux de chômage mesuré par l'Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT) est en recul de 0,5%, et retrouve son niveau de début 2011. En France métropolitaine, ce taux s'établit à 8,8%. Au troisième trimestre, le taux de chômage en France métropolitaine a progressé de 0,4 point chez les jeunes, est resté stable chez les 25-49 ans et a diminué de 0,2 point chez les 50 ans et plus. Parallèlement à cette stabilité du taux de chômage, un certain nombre d'indicateurs reflètent une amélioration de la situation: avec une légère baisse du chômage de longue durée, une nette augmentation du taux d'emploi des jeunes ainsi qu'une progression de la proportion d'emplois à temps complet et une diminution de la part du sous-emploi.

Allez, cessons de verser dans le spleen ! Au travail ! Le recours à la poésie viendra plus tard…

Christian Moguérou

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