Cette concurrence passe aussi par les conditions de crédit qui restent exceptionnelles : le taux moyen des crédits à l'habitat, toutes échéances confondues, est ainsi retombé à 1,44% en juin, soit sept points de base de moins que fin 2017 ou encore quatre fois moins que début 2001, selon les données de l'Observatoire mensuel Crédit logement/CSA publié mardi.

Sur un an, la baisse des taux a été générale mais elle a été la plus forte sur les prêts à 25 ans (-21 points de base contre -17 sur les prêts à 20 ans et -16 sur les prêts à 15 ans).

De même, ce sont les catégories les moins aisées qui ont bénéficié des baisses les plus importantes depuis douze mois, de l'ordre de 25 points de base pour les prêts à 25 ans et de 20 points pour les prêts entre 15 et 20 ans.

En conséquence, la durée moyenne des prêts à l'habitat accordés est remontée en moyenne à 221 mois, soit quatre mois de plus que fin 2017, pour revenir tout près de ses plus hauts de fin 2007.

En allongeant la durée des crédits et en acceptant des apports personnels moins importants, les banques "ont amorti les conséquences de la dégradation des soutiens publics (prêt à taux zéro raboté, suppression de l'APL accession...) sur la solvabilité des ménages modestes", tout particulièrement les primo-accédants, dans un contexte de hausse continue des prix de l'immobilier, souligne l'économiste Michel Mouillart, responsable des travaux de l'observatoire.

LE HCSF VIGILANT

Ceci explique que les parts des plus jeunes (moins de 35 ans) et des plus modestes (moins de trois smic) dans le total des emprunteurs aient sensiblement augmenté au deuxième trimestre : dans l'immobilier neuf, la première se situe à 51,3% (+2,4 point sur un an) et la seconde à 41,2% (+3,9 points).

Au bout du compte, le marché des prêts bancaires classiques a rebondi de 8,4% pour la production et de 2,5% en nombre de crédits accordés au deuxième trimestre par rapport à la même période de 2017.

Sur les douze mois à fin juin, l'évolution reste néanmoins négative (-3,2% pour la production et -8,5% pour le nombre de prêts) après le trou d'air du premier trimestre.

Pour Michel Mouillart, le marché devrait se stabiliser au second semestre. Pour la suite, l'économiste ne voit pas de décrochage lié à une remontée brusque des taux ou à un effondrement des prix, le principal risque tenant selon lui aux conditions d'octroi des prêts.

Lors de sa dernière réunion, en juin, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) estimait que les risques de crédit liés au marché immobilier "sont diffus compte tenu des modalités des emprunts immobiliers, principalement rémunérés à taux fixe et assortis d’un cautionnement."

Mais il disait aussi rester "vigilant quant à l’évolution des conditions d’octroi, notamment à l’effet de la production des crédits immobiliers sur la structure des bilans des banques."

(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole