première place boursière européenne

PARIS (awp/afp) - La Caisse des dépôts (CDC), bras financier de l'Etat français, va devenir l'un des premiers actionnaires d'Euronext, principal opérateur boursier européen, en se renforçant à son capital pour atteindre 8%.

L'institution publique, qui détenait jusqu'ici 6% du capital d'Euronext, a précisé vendredi dans un communiqué avoir conclu un accord pour acquérir 2% de participation supplémentaire auprès des banques Société Générale et ABN Amro, devenant ainsi "le premier actionnaire aux côtés d'Euroclear".

"En tant qu'investisseur de long terme, la Caisse des dépôts soutient la stabilité des grandes infrastructures de marché de la place de Paris, au bénéfice notamment du financement des entreprises françaises", développe la CDC.

Elle indique aussi poursuivre "son engagement en faveur du développement de l'entreprise pan-européenne aux côtés de ses autres actionnaires de référence", réunis au sein d'un pacte comptant notamment des acteurs financiers tels que Société Générale, ABN Amro ou Crédit Agricole.

Euronext, issu originellement de la fusion en 2000 de trois places boursières européennes (Paris, Amsterdam, Bruxelles), est devenu au fil des années l'une des principales places boursières internationales, la première d'Europe et la sixième mondiale. Valorisé à 4,4 milliards d'euros, l'opérateur boursier chapeaute les places de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne, Dublin et bientôt Oslo.

La société avait fait son entrée en Bourse sur ses propres marchés fin juin 2014. Avant sa cotation, Euronext avait sécurisé un noyau dur d'actionnaires qui s'était engagé à garder ses actions pour trois ans minimum afin de stabiliser l'entreprise. Le pacte avait été reconduit en juin 2017 jusqu'en 2019.

Grandes ambitions

Cet appui s'avère d'autant plus crucial que l'opérateur boursier paneuropéen, dirigé par le Français Stéphane Boujnah, compte tisser sa toile sur les marchés du Vieux Continent.

Après l'acquisition de la Bourse de Lisbonne en 2002, puis celle de Dublin en mars 2018, Euronext s'est lancé au début de l'année dans l'achat de la Bourse d'Oslo.

L'obtention de la place norvégienne a été âprement disputée avec l'opérateur américain Nasdaq, qui a fini par jeter l'éponge fin mai, lui laissant ainsi la voie libre. Pour parvenir à ses fins, Euronext, dont l'offre d'achat avoisine les 700 millions d'euros, s'était assuré du soutien d'actionnaires représentant plus de la moitié du capital de la Bourse d'Oslo.

A l'issue de cette transaction, dont le bouclage est prévu le 28 juin, Euronext détiendra totalement le capital du marché boursier norvégien.

Gourmand, Euronext n'a peut-être pas terminé ses emplettes. "Nous avons les moyens de considérer d'autres acquisitions (...) dans la limite d'une notation de crédit +strong investment grade+ (cote de crédit élevée, ndlr)", a affirmé récemment le groupe.

Néanmoins, depuis l'annonce de l'achat de la Bourse d'Oslo, certains experts doutent de la capacité financière du groupe à soutenir ses ambitions. L'agence de notation SP Global Ratings a ainsi placé la note du groupe, "sous surveillance avec implication négative".

"Nous estimons que le profil de risque financier de l'entreprise pourrait se détériorer", a expliqué SP Global Ratings dans son communiqué publié fin mai. "L'acquisition annoncée pourrait augmenter significativement son endettement financier lors des trimestres à venir, bien que le montant final à débourser reste flou."

Actuellement, Euronext est noté "A" sur le long terme, soit l'une des notes maximales. Le groupe a enregistré en 2018 un bénéfice net de 216 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 615 millions d'euros.

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