Paris (awp/afp) - Les entreprises du CAC 40 ont dégagé près de 80 milliards d'euros de bénéfices l'an dernier, un chiffre en baisse par rapport à 2018 mais néanmoins solide, les analystes anticipant en revanche une forte dégradation en 2020 à cause du coronavirus.

Selon un décompte réalisé vendredi par l'AFP sur la base des résultats publiés par l'ensemble des sociétés cotées au CAC 40, le bénéfice net cumulé des principales entreprises françaises a atteint précisément 79,5 milliards d'euros en 2019. Soit une baisse de 11,27% par rapport à 2018 (88,37 milliards d'euros) et de 17,65% par rapport au pic atteint en 2017 (96,54 milliards d'euros).

Malgré ce recul, les bénéfices enregistrés par les grands groupes français sont restés "solides", souligne auprès de l'AFP Frédéric Rozier, gérant de portefeuille chez Mirabaud France, qui évoque des résultats "de très bonne facture".

Le chiffre d'affaires cumulé des fleurons français a ainsi atteint 1.387 milliards d'euros l'an dernier. C'est 46 milliards de plus qu'en 2018 (1.341 milliards) et 95 milliards de plus qu'en 2017 (1.292 milliards).

"Les groupes français se sont bien adaptés aux vents contraires, et notamment au contexte de guerre commerciale. Ils ont fait preuve d'une forte résilience", juge Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Total en tête

Comme en 2019, Total arrive en tête du classement, avec 10 milliards d'euros de bénéfice, devant BNP Paribas (8,17 milliards) et LVMH, qui a connu une nouvelle année faste (7,17 milliards).

Au-delà de LVMH, "les entreprises du luxe se sont très bien comportées", avec "des résultats supérieurs à ceux de leurs concurrentes étrangères sur le même secteur", relève Frédéric Rozier.

Le marché des banques et assurances a lui aussi contribué aux bons résultats du CAC 40: ensemble, Axa, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole affichent des bénéfices cumulés de 20,1 milliards d'euros.

Les entreprises du secteur automobile ont en revanche connu une évolution contrastée: PSA a engrangé 3,2 milliards de bénéfices, quand Renault a plongé dans le rouge avec 141 millions de perte nette.

Ce résultat était "attendu par les marchés", le constructeur étant empêtré depuis plusieurs mois dans une situation difficile, marquée par des tensions avec son partenaire Nissan, note Frédéric Rozier.

Outre la marque au losange, une dizaine de grands groupes ont vu leur résultat chuter, dont TechnipFMC (perte de 2,15 milliards d'euros) et ArcelorMittal (perte de 2,1 milliards liée à la baisse des prix de l'acier).

Mais certains chiffres sont en trompe-l'oeil -- à l'image d'Airbus, qui a affiché une perte d'1,36 milliard d'euros, à cause d'une lourde amende (3,6 milliards) négociée pour éviter des poursuites dans une affaire de corruption.

"En réalité, il n'y a pas eu d'énorme déception, alors qu'il y a eu des bonnes surprises", insiste Frédéric Rozier, citant "Carrefour": le distributeur a renoué avec les bénéfices (1.314 milliards) après une année dans le rouge (-582 milliards).

Le luxe menacé

La situation risque cependant d'être très différente en 2020, la plupart des entreprises étant affectées par les retombées de l'épidémie de coronavirus, qui fait planer la menace d'une récession dans de nombreux pays.

"On est clairement en train d'entrer dans une nouvelle phase", même s'"il est dur de dire à ce stade quel sera l'impact exact de l'épidémie" sur l'activité des entreprises françaises, observe Frédéric Rozier.

Ces dernières semaines, plusieurs fleurons du CAC 40 ont prévenu qu'ils seraient pénalisés par le virus, même si peu de groupes ont révisé leurs objectifs financiers -- la plupart des résultats ayant été publiés avant l'essor du Covid-19.

En première ligne: le luxe et l'agroalimentaire, qui réalisent une part importante de leur chiffre d'affaires à l'international, et notamment en Chine. "Beaucoup d'entreprises risquent de souffrir", prévient M. Rozier.

Ces difficultés seront-elles durables ou temporaires pour les groupes tricolores ? Pour Christopher Dembik, le doute persiste, la crise du coronavirus étant par bien des aspects "inédite".

"A ce stade, et passé le premier semestre, qui risque d'être compliqué, les perspectives restent positives. Mais tout va dépendre des politiques mises en place pour limiter l'impact de l'épidémie", juge l'économiste.

afp/al