Lausanne (awp) - La fiscalité doit faire l'objet d'une pesée d'intérêts en matière de prévoyance professionnelle. Selon une étude publiée mardi par Credit Suisse, un retrait en capital sera plus avantageux que le versement de rentes - ou l'inverse - suivant le canton de résidence. La grande banque conseille une plus grande implication des assurés dans la gestion de leur 2e pilier.

Le niveau de l'avoir vieillesse constitue l'autre facteur déterminant au moment d'opérer un choix entre rente et capital. Les disparités cantonales s'avèrent importantes. "On observe au niveau du revenu net annuel une différence de près de 12'000 francs suisses en fonction du lieu de domicile", soulignent dans un communiqué les experts du numéro deux bancaire helvétique.

Credit Suisse a passé en revue toutes les communes de Suisse, en se basant sur un scénario de 1 million de francs suisses d'avoir vieillesse (AVS, 2e pilier et revenu du capital) perçu à 80% en rente, avec un taux de conversion de 5,5%.

"Du point de vue actuariel, ce taux reste toutefois encore trop élevé. Il faudrait le baisser jusqu'à quelque 5% pour tenir compte de l'espérance de vie plus longue" a déclaré en conférence de presse Sara Carnazzi, économiste chez Credit Suisse.

En Suisse romande, seul le canton de Genève permettra de largement dépasser le seuil des 70'000 francs suisses de rentes annuelles. Quelques communes valaisannes affichent des rendements plus intéressants que la moyenne.

Neuchâtel s'avère le moins avantageux, avec un plafond à 66'000 francs suisses. Dans ce canton où la fiscalité est très forte, le retrait de capital génèrerait plusieurs milliers de francs suisses de plus qu'un versement en rente, explique la banque aux deux voiles.

Du côté alémanique, les cantons de Zurich, Schaffhouse et ceux de Suisse centrale figurent dans le groupe de tête en termes de rente.

Rentes toujours privilégiées

Malgré ces disparités, la moitié des Suisses continuent à privilégier les rentes, une tendance plus marquée auprès des étrangers et des personnes disposant d'un niveau de formation peu élevé, affirme Credit Suisse, citant les chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Un tiers préfère retirer son capital et 18% optent pour un mélange des deux solutions.

Dans ce contexte, la mise en ouvre d'incitations ciblées pour la prévoyance facultative dans les 2e et 3e piliers permettrait notamment de préserver l'efficacité du système suisse. La grande banque souligne la nécessité de donner plus de responsabilité à l'assuré, afin qu'il puisse choisir une solution adaptée.

Pour Sara Carnazzi, les impulsions données vont à l'encontre du bon sens, en privilégiant un départ anticipé au détriment d'une retraite au-delà de limite légale. "C'est en totale contradiction avec la réalité démographique aujourd'hui. La retraite anticipée doit rester possible, mais elle doit être plus chère (pour l'assuré)."

L'économiste souligne le potentiel de force de travail des seniors. "D'ici 2030, il y aura plus ou moins un tiers des personnes actives en Suisse qui seront âgées de 50-55 ans."

Les cotisations sociales pourraient être allégées pour inciter les entreprises à garder leurs employés après l'âge de la retraite. "On pourrait modifier les bonifications vieillesse en faisant que les travailleurs âgés ne soient plus si chers", selon la spécialiste.

Une prise de conscience est d'autant plus nécessaire à une époque où des nouveaux modèles de travail s'imposent de plus en plus. Le recours au temps partiel, l'accumulation de petits boulots ou les activités indépendantes peuvent réserver des mauvaises surprises une fois la retraite arrivée.

Les salaires sous le seuil d'entrée de 21'150 francs suisses annuels ne sont pas assurés dans le cadre de la prévoyance professionnelle obligatoire, rappellent les spécialistes de Credit Suisse.

Pour Sara Carnazzi, à défaut d'une réforme législative, les caisses de pension ont commencé à exploiter leur marge de manoeuvre, en développant leur offre de prévoyance surobligatoire.

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