L'autorité fédérale du secteur financier a suggéré de son côté aux banques et aux assureurs d'interrompre le paiement de dividendes et les rachats d'actions pour privilégier le crédit.

La Suisse, qui compte près de 100 morts dus au coronavirus et où le nombre de cas confirmés d'infection s'approche des 10.000, a fermé ses frontières avec tous ses voisins à l'exception du Liechtenstein.

"Notre société et l'économie suisse sont confrontées à d'énormes difficultés", a déclaré le président de la BNS, Thomas Jordan, lors d'une conférence de presse. "Pour combattre cette crise, il est essentiel que les entreprises aient accès au crédit et que le système bancaire ait accès a la liquidité."

Le Conseil fédéral (le gouvernement suisse) a lancé un plan d'urgence de 20 milliards de francs (18,8 milliards d'euros) qui permettra entre autres aux entreprises de souscrire des emprunts sans intérêt et garantis par l'Etat jusqu'à 500.000 francs, ainsi que des crédits relais susceptibles d'atteindre 10% du chiffre d'affaires.

La BNS, elle, lancera jeudi une nouvelle facilité de financement illimitée pour les banques afin de soutenir le crédit et de prévenir un assèchement de la liquidité.

"Les conséquences de la pandémie de coronavirus vont peser fortement sur l'économie suisse", explique-t-elle dans un communiqué. "Pour que celle-ci puisse surmonter cette crise, il est indispensable que les entreprises aient accès au crédit et que le système bancaire dispose de suffisamment de liquidités."

La banque centrale a aussi proposé à la FINMA, l'autorité de surveillance du secteur financier dans la confédération, de ramener à zéro le volant anticyclique de fonds propres imposé aux banques afin de dégager des capitaux pour augmenter leur activité de crédit. Une demande aussitôt acceptée par l'autorité de supervision.

Pour sa part, la FINMA a salué la décision de l'ensemble des banques et des compagnies d'assurance du pays de suspendre leurs programmes de rachats de titres.

"La FINMA recommande en outre aux conseils d'administration des établissements financiers d?évaluer soigneusement le montant des dividendes à distribuer dans le contexte actuel", ajoute-t-elle.

"Préserver sa solidité en matière de fonds propres n?est pas un signe de faiblesse", ajoute-t-elle.

"Il ne s'agit pas d'une interdiction, il s'agit d'un appel", a dit Mark Branson, le directeur général de la FINMA. "Nous demandons aux conseils d'administration de décider qui a le plus besoin d'argent: les clients suisses ou les investisseurs internationaux et institutionnels."

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)