Zurich (awp) - La pandémie de coronavirus a posé les premières difficultés à Credit Suisse, qui a constitué au premier trimestre des réserves pour plus d'un milliard de francs suisses. La grande banque a néanmoins dépassé les attentes avec quelques coups de pouces d'ordre exceptionnel.

La copie rendue par Credit Suisse dépasse allégrement les prévisions du consensus AWP, notamment le bénéfice net de 1,31 milliard de francs suisses, agrémenté de 75% sur un an, selon les résultats trimestriels publiés jeudi par le numéro deux bancaire helvétique. Le gain tiré de la cession d'InvestLab à Allfunds Group ainsi qu'un taux d'imposition "négatif" ont dopé ce résultat, ce que ne manquent pas de souligner certains analystes.

Le géant zurichois a pris des mesures pour se prémunir des effets du Covid-19. Il a constitué une réserve de 1,03 milliard, composée d'une provision de 585 millions pour couvrir d'éventuelles pertes de crédit et d'un montant de 444 millions pour les activités de banque d'affaires et d'investissement.

Credit Suisse a déjà octroyé près de 14'000 crédits-relais pour 2,4 milliards de francs suisses dans le cadre du programme d'aide aux entreprises affectées par la pandémie de coronavirus.

La banque aux deux voiles pourrait décider de nouvelles mesures d'économie afin de contrer les effets négatifs du coronavirus. Elle n'entend cependant procéder à aucun licenciement durant la pandémie. "C'est notre principe", a affirmé jeudi le nouveau directeur général Thomas Gottstein, qui a remplacé Tidjane Thiam mi-février.

Le patron du numéro deux bancaire helvétique a toutefois prévenu qu'il ne sait pas combien de temps cette ligne pourrait être tenue.

Au premier trimestre, les recettes ont gonflé de 7% à 5,78 milliards. Apurées de la transaction InvestLab, elles affichent une progression de 2%.

Les revenus dans la gestion de fortune ont fortement progressé. En termes de volumes, le groupe zurichois a récolté 5,8 milliards de francs suisses d'entrées nettes d'argent, pour une masse sous gestion de 1370,5 milliards. Ces avoirs ont reculé de près de 10% par rapport à fin décembre, en raison de la chute des marchés financiers.

La banque d'investissement (Global Markets) a profité de la volatilité sur les marchés financiers, contrairement à la banque d'affaires (Investment Banking & Capital Markets), plombée par la paralysie de l'économie mondiale. Vaisseau amiral de Credit Suisse, la banque universelle suisse a amélioré ses recettes et sa rentabilité.

Les charges globales ont été allégées de 6% à 4,01 milliards.

Priorité au dividende

Dans son ensemble, la copie rendue par Credit Suisse est supérieure à la moyenne des prévisions des analystes interrogés par AWP. Seule exception, le bénéfice avant impôts de 1,20 milliard (+13%) a légèrement déçu puisque le consensus l'attendait à 1,25 milliard.

"Notre modèle d'affaires axé sur la gestion de fortune s'est une fois de plus révélé résistant, tout en nous permettant d'exploiter nos capacités en investment banking pour nos clients dans une période de forte volatilité", selon Thomas Gottstein, dont le premier mois et demi à la tête de la banque n'a pas été de tout repos.

Credit Suisse doit jongler avec les effets de la crise du coronavirus et ses promesses de rémunération des actionnaires. La priorité ira à la deuxième tranche de dividende 2019, dont le versement est prévu au quatrième trimestre. Le dividende 2021 et le rachat d'actions seront les prochains sur la liste. Les analystes de JPMorgan sont circonspects sur cette question.

La direction estime que l'impact de la pandémie de coronavirus reste difficile à estimer et n'exclut pas une nouvelle constitution de provisions à l'avenir pour couvrir les pertes de valeur. Credit Suisse affirme néanmoins être bien préparée pour fournir une performance financière robuste durant la crise.

Après un coup de mou sur une grande partie de la séance, la nominative Credit Suisse a rebondi en fin d'après-midi pour finir en hausse de 2,3% à 7,88 francs suisses. L'indice vedette SMI a quant à lui clôturé en baisse de 0,05%.

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