Zurich (awp) - Tidjane Thiam quitte la tête de Credit Suisse sur une performance solide. Le numéro deux bancaire helvétique a bouclé 2019 sur un bond de 70% du bénéfice net, malgré un quatrième trimestre globalement inférieur aux attentes. Emporté par l'affaire des filatures, le directeur général sera remplacé par Thomas Gottstein dès vendredi.

"Je suis fier de ce que Credit Suisse a réalisé pendant mon mandat. Nous avons remis Credit Suisse sur de bons rails et nos résultats de 2019 montrent que nous pouvons être durablement rentables. J'apporterai mon soutien enthousiaste à mes collègues tandis qu'ils continueront à développer les affaires", a affirmé jeudi Tidjane Thiam, cité dans le communiqué de presse.

Le Franco-Ivoirien avait pris ses fonctions en juillet 2015 et restructuré la banque durant trois ans, réorientant les activités vers la gestion de fortune au détriment de la banque d'affaires.

Le bénéfice annuel s'est envolé de 69% à 3,42 milliards de francs suisses, selon les indications fournies par le géant bancaire zurichois. Le produit d'exploitation a pris 7% à 22,48 milliards. Le conseil d'administration propose le versement d'un dividende de 0,2776 franc par action, à comparer à la rémunération de 0,2625 franc au titre de 2018.

Au seul quatrième trimestre, les recettes ont gonflé de 29% à 6,19 milliards de francs suisses, dont 4,0 milliards imputables à la gestion de fortune, a précisé le groupe dans un communiqué. Les charges d'exploitation se sont inscrites à 4,83 milliards, alourdies de 16%. Le bénéfice avant impôts a malgré tout été doublé à 1,21 milliard, tandis que le bénéfice net a été plus que triplé (+229%) à 852 millions.

Ces hausses sont à relativiser, le quatrième trimestre 2018 ayant été marqué par un mini-crash boursier qui avait plombé les résultats. Les recettes mises à part, Credit Suisse a manqué les principales prévisions du consensus AWP, qui tablait sur un résultat avant impôts de 1,38 milliard, un bénéfice net de 881 millions et un dividende de 0,2806 franc par action.

Au dernier trimestre, Credit Suisse a effectué de nouvelles provisions pour des conflits juridiques de 326 millions de francs suisses, portant sur les litiges liés à des créances hypothécaires. Parallèlement, la banque a bénéficié d'un gain net de 89 millions de francs suisses issu de la vente de biens immobiliers. Ces éléments exceptionnels ont quelque peu brouillé les cartes, ce que n'ont pas manqué de souligner les analystes.

Stratégie maintenue

Indicateur de rentabilité, le rendement des fonds propres tangibles (RoTE) a été nettement amélioré à 8,7%, contre 5,4% il y a douze mois.

Presque toutes les divisions ont suivi une évolution favorable au quatrième trimestre, avec notamment une augmentation des recettes et une amélioration de la rentabilité dans les deux divisions de gestion de fortune International Wealth Management et Asia/Pacific.

Sur douze mois, la masse sous gestion a pris l'ascenseur (+12,1%) à 1507,2 milliards de francs suisses, soit plus 162,3 milliards qu'à fin 2018. Les entrées nettes d'argent ont atteint 79,3 milliards sur l'ensemble de l'année et 9,9 milliards au dernier partiel.

En termes de capitalisation, le ratio de fonds propres de première catégorie a grappillé 0,1 point de pourcentage à 12,7%, alors que le ratio d'endettement a perdu 0,1 point à 4,0%.

Le groupe affirme avoir connu un "très bon" début d'année dans toutes ses divisions et adopte un optimisme mâtiné de prudence.

Comme annoncée par le conseil d'administration, la nomination de Thomas Gottstein s'inscrira dans la continuité. "Notre stratégie commerciale devrait demeurer inchangée et, sous ma direction, nous maintiendrons le cap fixé (...) en 2015, (...) reconfirmé en 2019 après la période de restructuration", a affirmé le futur patron du groupe, en charge actuellement de Credit Suisse dans le pays.

A la clôture de la place zurichoise, le titre Credit Suisse s'est figé en hausse de 0,15% à 13,39 francs suisses, alors que l'indice vedette SMI a pris 0,03%.

fr/ck/al