Zurich (awp) - Credit Suisse va réorganiser ses activités helvétiques et débourser des sommes importantes afin de soutenir la croissance. Le géant bancaire zurichois va injecter plus de 100 millions de francs suisses dans sa banque universelle suisse d'ici fin 2021.

Dans un communiqué, le numéro deux bancaire helvétique annonce lundi un investissement "en millions à trois chiffres élevé" dans la division Swiss Universal Bank (SUB). Ces montants seront utilisés notamment pour poursuivre la numérisation des activités - notamment pour les jeunes clients.

Le recrutement fera également l'objet d'un effort particulier. L'effectif de collaborateurs dédiés aux "affaires à forte intensité de conseil" sera augmenté. La hausse sera de l'ordre d'un "nombre à deux chiffres élevé", soit - à priori - entre 50 et 100 personnes. A fin 2018, la SUB employait 11'950 équivalents temps plein, dont 1780 conseillers à la clientèle.

Il s'agira d'étoffer les équipes de gestion de fortune consacrées aux clients fortunés et très fortunés, celles qui s'occupent des PME et des clients institutionnels, mais également celles spécialisées dans le négoce. Parallèlement, le groupe entend améliorer son efficacité.

Dès la semaine prochaine, les clients individuels et entreprise recourant aux "services de base" seront gérés dans un nouveau secteur d'activité baptisé Direct Banking, précise le communiqué. Cette unité, qui compte 1 million de clients individuels et 600'000 entreprises, sera chapeautée par Mario Crameri, jusqu'ici à la tête des activités IT et Opérations.

Les activités de banque d'affaires seront détachées de la division correspondante (Corporate & Investment Banking) pour être subordonnées au directeur général de la SUB, Thomas Gottstein. Elles deviendront un secteur à part entière et continueront d'être dirigées par Jens Hass, qui intègre par la même occasion la direction générale de la SUB.

Objectifs confirmés

La réorganisation de la banque universelle suisse est présentée comme une évolution dictée par les "exigences des clients". Elle s'inscrit également dans le sillage d'un contexte difficile marqué par les taux négatifs et une pression sur les marges, souligne la banque aux deux voiles.

Credit Suisse renouvelle par ailleurs les objectifs financiers de cette division, à savoir une croissance des recettes et des volumes supérieure au marché et un ratio coûts/revenus inférieur à 60%.

Credit Suisse a mis un terme en décembre 2018 à un vaste plan de restructuration lancé trois ans auparavant, qui a vu le géant bancaire mettre la priorité sur les activités suisses et la gestion de fortune, au détriment de la banque d'affaires. Le groupe a biffé plusieurs milliers de postes au cours de cette période.

Sur trois ans, le bénéfice avant impôts de la SUB a gonflé de près de 38% à 2,2 milliards de francs suisses. Le rapport entre coûts et revenus a été amélioré de 10 points de pourcentage à 58%. Le volume d'affaires a bondi de 16% à 933 milliards.

"Ces investissements sont rendus possibles par le net accroissement de la capacité bénéficiaire de la Swiss Universal Bank depuis 2015 ainsi que par nos mesures rigoureuses d'optimisation de l'efficacité et notre gestion très stricte des coûts, qui restera indispensable malgré les investissements prévus", affirme M. Gottstein, cité dans le communiqué.

Credit Suisse souhaite se concentrer encore davantage sur certaines catégories de clients, ce qui paraît logique dans le paysage bancaire actuel, affirme la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans un commentaire. A en croire la ZKB, les personnes servies par la nouvelle unité Direct Banking pourraient cependant avoir l'impression de passer pour des clients de seconde zone.

Vers 10h30, le titre Credit Suisse cédait 0,5% 11,175 francs suisses, au diapason d'un SMI en recul de 0,48%.

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