Zurich (awp) - Pressé de renforcer ses fonds propres, Credit Suisse a tranché le noeud gordien. Le numéro deux bancaire helvétique a renoncé à coter partiellement son entité suisse et retenu l'option d'une augmentation de capital. L'annonce intervient après un 1er trimestre solide et marqué par des entrées nettes d'argent encourageantes. Les économies sont toujours menées tambour battant, avec 1400 postes biffés en trois mois.

Les rumeurs faisant état d'un abandon de l'introduction en Bourse (IPO) partielle de Credit Suisse (Suisse) se sont vérifiées. La grande banque annonce mercredi le lancement d'une augmentation de capital de 4 mrd CHF, via l'émission de 380 mio d'actions d'une valeur nominative de 0,04 CHF. Cette option, entraînant une dilution de 18,2% du capital-actions, devra encore être validée lors d'une assemblée générale extraordinaire convoquée pour le 18 mai.

La direction hésitait entre ces deux solutions pour renforcer ses fonds propres. "Nous pensons que conserver 100% des parts de notre précieuse banque suisse, tout en levant du capital (...) constitue la meilleure façon de procéder et débouchera sur une création de valeur significative pour les actionnaires à long terme", déclare le président Urs Rohner, cité dans un communiqué.

Pour le directeur financier (CFO) David Mathers, l'augmentation de capital mettra un terme au débat sur les fonds propres de Credit Suisse. L'opération permettra d'atteindre une capitalisation conforme aux critères internationaux. Le directeur général (CEO) Tidjane Thiam a assuré qu'il s'agira de la dernière mesure de recapitalisation.

Le ratio de fonds propres durs devrait ainsi bondir à 13,4%, contre 11,7% au terme du 1er trimestre. Cet indicateur s'est amélioré de 0,2 point de pourcentage depuis fin 2016. Le ratio de levier a grappillé 0,1 point à 3,3%.

BANQUE D'AFFAIRES BÉNÉFICIAIRE

Les trois premiers mois de l'exercice 2017 ont permis à la banque aux deux voiles de relever la tête, avec des chiffres clés supérieurs aux attentes.

Credit Suisse a dégagé un bénéfice net de 596 mio CHF, contre une perte de 302 mio un an plus tôt. Le bénéfice avant impôts s'est élevé 670 mio, bien meilleur que le résultat négatif de 305 mio du premier partiel de l'année dernière. Le produit d'exploitation s'est étoffé de 19% à 5,53 mrd CHF.

Deux facteurs illustrent l'embellie dont a profité le géant bancaire. D'une part, les deux unités de banque d'affaires ont augmenté leur produit d'exploitation et retrouvé la voie de la rentabilité après avoir longtemps pesé sur la performance générale. La division Global Market, en pleine restructuration, fait partie du lot.

D'autre part, l'hémorragie dont souffraient les activités de gestion de fortune semble s'être tarie. L'afflux d'argent frais a bondi à 24,2 mrd, contre des sorties de 6,7 mrd au quatrième trimestre de l'année dernière. La masse sous gestion a gonflé en trois mois à 1304,2 mrd, soit une progression de 4,2%. Les entrées ont plus que compensé les reflux liés à la régularisation des avoirs.

Sur le plan opérationnel, les divisions Asie/Pacifique et International Wealth Management ont pâti d'une hausse des charges, causées notamment par l'inflation réglementaire. Le résultat avant impôts s'est dégradé de janvier à mars. La banque suisse universelle a vu sa rentabilité s'étioler pour des raisons identiques, dans un contexte de stagnation des recettes.

5500 SUPPRESSIONS DE POSTE EN 2017

Credit Suisse a poursuivi ses efforts en matière de coûts. Entre janvier et mars, le numéro deux bancaire helvétique a économisé 250 mio CHF et biffé 1400 postes. Sur l'ensemble de l'année, plus de 5500 emplois passeront à la trappe. Les objectifs de réduction des coûts à fin 2017 et 2018 devraient ainsi être tenus.

La grande banque s'attend à liquider sa banque de défaisance - baptisée Strategic Resolution Unit (SRU) - plus tôt que prévu. Selon les nouveaux calculs, les actifs pondérés au risque (RWA) seront ainsi réduits à 30 mrd USD à fin 2018 soit douze mois avant l'échéance initiale. A fin mars, les RWA de la SRU ont décru de 3 mrd pour atteindre 41 mrd.

Par ailleurs, le conseil d'administration va proposer que le dividende ne soit versé qu'en numéraire à l'avenir.

Malgré une perspective de dilution de leurs actions, les investisseurs votaient la confiance à Credit Suisse. Le titre a terminé la journée de mercredi sur un gain de 2,7% à 15,71 CHF, dans un SMI en hausse de 0,63%.

Les analystes sont moyennement convaincus par l'augmentation de capital. Le succès de cette dernière lèverait des doutes sur les perspectives à court terme, sans pour autant rassurer franchement sur la marge de manoeuvre de la direction en cas de coup dur, tranche Bernstein. Pour UBS, cette opération va entraîner un regain de volatilité sur le titre.

En revanche, tous les spécialistes saluent la performance trimestrielle supérieure aux attentes.

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