Paris (awp/afp) - Crise du Covid-19 oblige, les grandes banques européennes ont subi un coup de frein de leur activité au printemps à cause des mesures de confinement et mettent des milliards en réserve pour faire face aux faillites et impayés.

Le géant bancaire sino-britannique HSBC, déjà en perte de vitesse avant la crise sanitaire, a annoncé lundi une chute de 77% de son bénéfice net à 1,97 milliard de dollars au premier semestre et son effondrement à 192 millions de dollars entre avril et juin.

À titre de comparaison, HSBC avait dégagé l'an dernier un bénéfice de plus de 8,2 milliards de dollars sur le premier semestre et de 4,4 milliards sur le deuxième trimestre.

Ce résultat est une combinaison de l'impact de "la pandémie de Covid-19, la chute des taux d'intérêt, la hausse des risques géopolitiques et la plus grande volatilité des marchés", fait valoir Noel Quinn, directeur général du groupe, poids lourd de la banque d'affaires, notamment en Asie.

A une autre échelle, la banque française Société Générale a grossi les rangs des établissements européens dans le rouge en essuyant une nouvelle perte de 1,26 milliard d'euros entre avril et juin, après une première de 326 millions lors du premier trimestre.

En cause? Le ralentissement d'activité lié aux mesures de confinement mais aussi le "coût du risque", c'est-à-dire le montant des provisions réalisées par les banques pour pouvoir résister aux défaillances de leurs clients, entre faillites d'entreprises et impayés, générées par la crise sanitaire.

"Les retombés de la pandémie du coronavirus vont provoquer une forte hausse des pertes sur créances irrécouvrables chez les banques européennes. Les prêts aux PME et à la consommation sans garantie seront les plus durement touchés", relève dans une note Alexios Philippides, analyste pour l'agence de notation Moody's.

"Les petites entreprises ont tendance à avoir moins de flexibilité que les grandes, au moment où les ménages sont aux prises avec des baisses de revenus et une hausse soutenue du chômage", ajoute cet analyste, soulignant que les banques les plus exposées à ce type de clients sont susceptibles d'être confrontées à davantage de prêts non remboursables et donc à des besoins de mise en réserves plus importants.

HSBC, qui déplore d'importantes défaillances chez ses emprunteurs surtout en dehors de l'Asie, a enregistré 6,8 milliards de dollars (7,5 milliards d'euros) de pertes sur crédit et charges de dépréciation sur crédits au premier semestre, six fois plus que l'an passé. Pour le britannique Lloyds, dans le rouge ce semestre, l'ardoise se monte à plus de quatre milliards d'euros.

Le mastodonte espagnol Santander a quant à lui mis 7 milliards d'euros en réserve, dont une grande partie potentiellement perdus. Solidement implantée au Royaume-Uni et en Amérique du Sud, la banque est lanterne rouge au deuxième trimestre avec une perte abyssale de 11 milliards d'euros.

L'environnement futur "difficile"

Outre des provisions massives, l'effet Covid s'est aussi traduit par des dépréciations d'actifs, conséquence des turbulences qui ont fait tanguer les marchés mondiaux et dégradé le cours de nombreux produits financiers.

Les îlots de prospérité bancaire du monde "d'avant" sont pour l'heure rares. Crédit Suisse, spécialiste de la banque d'affaires, a augmenté de 24% son bénéfice à 1,1 milliard d'euros. Le groupe français BNP Paribas - qui a ravi à Santander le titre de première banque de la zone euro en termes de valorisation boursière - a dégagé un bénéfice net certes en recul mais à plus de deux milliards d'euros au deuxième trimestre, le rythme de ses activités de marché s'étant intensifié avec la crise.

"Nous allons au-devant d'un environnement très difficile, car nous venons d'assister à des chutes très importantes de la croissance dans beaucoup de pays. (...) Or les banques sont très affectées par l'évolution de la croissance et du chômage. Et nous nous attendons à voir se multiplier les faillites individuelles et d'entreprises à partir de la fin d'année et en début d'année prochaine", souligne Elisabeth Rudman, analyste crédit chez DBRS.

afp/rp