Zurich (awp) - Le groupe bancaire Credit Suisse publie mercredi ses résultats au second trimestre 2019. Six analystes se sont prêtés au jeu des pronostics:

T2 2019E
(en mio CHF)        consensus AWP  fourchette    T1 19A   T2 18A   estimations

produit d'exploitation 5'286     5'144 - 5'445    5'387    5'595        6
bénéfice net             740       535 -   845      749      647        5

résultat avant impôts  1'134     1'080 - 1'207    1'062    1'052        4
 - Swiss UB              552       522 -   573      550      553        4
 - IWM                   431       374 -   470      523      433        4
 - APAC                  209       201 -   225      183      217        4
 - Global Markets        250       173 -   329      282      204        5
 - IBCM                    0       -45 -    32      -93      141        5

FOCUS: au vu de la performance de la concurrence et des conditions de marché, le deuxième partiel de Credit Suisse ne devrait pas avoir été des plus faciles. Après un début d'année difficile au niveau des recettes, la banque avait fait état d'une embellie en fin de premier trimestre, une dynamique qui s'est apparemment poursuivie.

Vontobel rappelle que le deuxième trimestre 2018, servant de base de comparaison, avait vu ses résultats plombés par des charges de restructuration élevées. Par ailleurs, ce n'est pas un secret que le numéro deux bancaire helvétique profite encore en 2019 de frais de financement particulièrement avantageux.

La semaine dernière, le concurrent UBS a fait état pour le deuxième trimestre de résultats contrastés. Son coeur de métier, la gestion de fortune, est resté en deçà des expectatives en raison du niveau des taux, alors que la banque d'investissement s'en est sorti mieux que prévu.

Les grandes banques étasuniennes ont quant à elles vu souffrir leurs activités de négoce, du fait de l'inhibition des investisseurs, paralysés par la guerre commerciale et les inquiétudes conjoncturelles. Les activités de fusions et acquisitions (M&A) ont également toussoté.

Début juin, le patron de la banque aux deux voiles, Tidjane Thiam, avait confirmé son objectif de rendement sur les fonds propres matériels (RoTE) d'au moins 10% pour l'exercice en cours. Afin d'y parvenir, Credit Suisse est condamné à améliorer son résultat par rapport au premier partiel et à croître jusqu'à la fin de l'année.

Les coûts de Credit Suisse seront également passés au peigne fin, après l'achèvement officiel - à fin 2018 - du programme de restructuration engagé trois ans plus tôt. A fin 2018, les économies avoisinaient les 4 milliards de francs suisses par rapport à la base de 2015. La banque espère maintenant maintenir les coûts à ce niveau.

La restructuration avait pour but de mettre l'accent sur les activités de gestion de fortune et de réduire drastiquement la voilure de la banque d'investissement, afin de diminuer la dépendance aux condtions de marché.

OBJECTIFS: à l'occasion de la présentation des résultats au premier trimestre en avril, Credit Suisse avait confirmé ses objectifs à moyen terme, dont voici un florilège:

. rendement sur fonds propres matériels (RoTE):
  10-11% en 2019, 11-12% en 2020, >12% en 2021 (T1: 7,8%)

. charges d'exploitation pour 2019 et 2020:
  entre 16,5 et 17 mrd CHF (fin 2018: 16,5 mrd)

. ratios de capital pour 2018-2020: 
  fonds propres durs (CET1, look-through) >12,5% (fin T1: 12,6%)
  CET1 Leverage Ratio >3,5% (Ende Q1: 4,1%)
  Tier 1 Leverage Ratio >5,0%

. gestion du capital 2019 et 2020:
  retour d'au moins 50% du bénéfice net aux actionnaires
  relèvement du dividende d'au moins 5% par année (2018: 0,2625 CHF/action)
  rachat d'actions jusqu'à 1,5 mrd CHF en 2019, et du même ordre en 2020

. taux d'imposition effectif d'environ 30% en 2019
. progression de l'efficience visée de 2-3% par an


POUR MÉMOIRE:

DIRECTION: début juillet, Credit Suisse a annoncé le départ inopiné du chef de la gestion de fortune internationale (IWM), Iqbal Khan. Après six années passées au service du numéro deux bancaire helvétique, celui qui était alors pressenti comme un possible successeur de Tidjane Thiam a décidé de donner un nouvel élan à sa carrière en dehors du groupe, selon la formule consacrée.

Philipp Wehle, jusque-là directeur financier (CFO) de la division, a été désigné pour lui succéder. Dans un entretien à la Handelszeitung, le nouveau chef de la gestion de fortune a dit vouloir concentrer ses efforts sur les marchés d'Afrique subsaharienne, d'Asie centrale et du Brésil, sans oublier le Moyen-Orient, et en particulier l'Arabie saoudite.

RACHAT D'ACTIONS: Credit Suisse est en bonne voie pour atteindre, voire dépasser, l'objectif de 1 milliard de francs suisses qu'elle s'est fixé comme minimum. Au 26 juillet, 44,9 millions de titres avaient été rachetés, pour un total de 565,5 millions de francs suisses.

DÉSENGAGEMENTS: l'entreprise a vendu sa plateforme de fonds InvestLab au groupe Allfunds, ce qui devrait influer positivement sur le rendement sur fonds propres matériels pour l'année en cours. L'indicateur à l'aune duquel la banque mesure sa rentabilité pourrait grimper de 50 points de base (pb) à la faveur de la transaction.

RÉGLEMENTATION: lors des derniers tests de résistance réalisés sur les grandes banques aux Etats-Unis, Credit Suisse n'a reçu qu'un feu vert conditionnel à son plan de distribution de capitaux.

La Réserve fédérale américaine (Fed) "n'a pas d'objection" aux versements de dividendes ni aux plans de rachats d'actions des 18 banques mais elle demande à Credit Suisse Holding USA de "remédier à des points faibles limités", qui sont liés aux projections de pertes que la banque subirait dans ses activités de négoce en cas de crise.

Le régulateur a fixé au 27 octobre le délai pour modifier "son processus de distribution de capital". En réaction, la banque a indiqué son intention de "remédier totalement à ce problème" dans le délai imparti. En attendant, elle peut distribuer les mêmes dividendes qu'en 2018 et, dès rectification, pourra augmenter cette distribution selon ses plans.

COURS DE L'ACTION: après la publication du premier partiel, la nominative Credit Suisse avait grimpé jusqu'à atteindre son plus haut de l'année à 14,14 francs suisses. Elle s'est depuis quelque peu dépréciée et évolue actuellement (lundi après-midi) autour de 12,06 francs suisses, soit 12% de mieux qu'à fin 2018. L'année dernière, le titre avait perdu près de 40% de sa valeur.

credit-suisse.com

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