Ce mouvement de consolidation doit selon lui accompagner la supervision unique des banques européennes ainsi qu'une intégration plus poussée de l'union des marchés de capitaux.

"Je considère aujourd'hui que les banques européennes sont encore trop fragmentées et nous avons besoin d'une consolidation bancaire", a dit Bruno Le Maire lors d'un entretien accordé à Reuters à Bucarest (Roumanie), en marge d'une réunion des ministres des Finances de l'Union européenne (UE).

Bruno Le Maire n'a pas souhaité se prononcer sur des opérations précises, mais la principale opération en cours à ce jour est le projet de rapprochement envisagé par les deux premières banques allemandes Deutsche Bank et Commerzbank.

Même si la Banque centrale européenne (BCE) plaide régulièrement pour une consolidation bancaire à l'échelle européenne - censée permettre une mobilisation de l'excédent d'épargne de la zone euro au plus près des besoins - les rapprochements transfrontaliers restent rares.

DIVERGENCES ÉCONOMIQUES

Pour Bruno Le Maire, il faut mettre en place l'union bancaire et l'union des marchés de capitaux "dans les prochains mois et pas dans les prochaines années", car les seules difficultés qui persistent sont d'ordre technique, comme l'harmonisation des droits des faillites, qui suscite encore des résistances dans certains pays.

"Si les Etats membres de la zone euro ne sont pas capables de franchir un certain nombre d'étapes dans les mois qui viennent, nous risquons un affaiblissement de l'euro et nous risquons de voir émerger de nouvelles fractures à l'intérieur de la zone euro", a-t-il estimé.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, comme le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, ont déjà prévenu ces derniers jours qu'une consolidation de l'union bancaire était indispensable.

Ce projet, lancé en 2012 en pleine crise des dettes souveraines européennes mais que les pays membres de l'euro peinent à parachever, vise à donner à la zone les capacités pour absorber d'éventuels chocs économiques et financiers à venir.

Bruno Le Maire souhaite également que les Européens avancent rapidement sur la question d'un budget commun de la zone euro, qui contribuerait à financer la convergence économique.

"La zone euro ne survivra pas à des divergences économiques croissantes entre les Etats membres, nous devons nous doter des instruments qui nous permettront de réduire les divergences", a-t-il souligné.

UNE SOUVERAINETÉ À AFFIRMER

La France, en pointe avec l'Allemagne sur la proposition d'un budget commun de la zone euro, a dû revoir ses ambitions à la baisse face aux réserves des Pays-Bas, qui ont refusé qu'il joue un rôle de stabilisateur en cas de choc économique.

Bruno Le Maire, qui a présenté en février avec le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, un mémorandum en faveur d'une nouvelle politique industrielle européenne, a également plaidé une nouvelle fois pour une refonte des règles de concurrence de l'UE.

Paris et Berlin ont été échaudés par la décision de la Commission européenne de bloquer le rapprochement entre le français Alstom et l'allemand Siemens, censé faire naître un champion européen du ferroviaire susceptible d'affronter la concurrence internationale, particulièrement celle du mastodonte chinois CRRC.

Pour le ministre français de l'Economie et des Finances, seules de telles alliances sont à même de permettre l'émergence de champions européens en mesure de faire face à la concurrence des géants chinois ou américains.

"Qu'est-ce qu'on veut demain pour nos télécommunications, nos trains, nos banques ou pour nos voitures ? Moi je souhaite que dans tous ces domaines nous gardions des capacités européennes, ce qui passe par de la consolidation", a-t-il dit à Reuters.

A l'approche des élections européennes du 26 mai, le ministre a apporté sa contribution au débat sur l'avenir de l'UE avec la publication cette semaine d'un essai intitulé "Le nouvel empire".

Dans cet ouvrage, il plaide pour un sursaut politique destiné à affirmer la souveraineté européenne face à la Chine et aux Etats-Unis.

(Myriam Rivet pour le service français, édité par)

par Leigh Thomas

Valeurs citées dans l'article : Alstom, CRRC Corp Ltd, Commerzbank AG, Deutsche Bank AG, Siemens