La Commission, qui doit rendre un avis sur ce projet de fusion au plus tard le 18 février, craint que ce mariage, annoncé en septembre 2017, ne réduise la concurrence pour la fourniture de plusieurs types de trains et de systèmes de signalisation.

"Si jamais la Commission européenne devait donner une décision défavorable à cette fusion, elle le ferait pour de mauvaises raisons", a dit Bruno Le Maire au Grand Rendez-vous d'Europe 1, CNews et les Echos.

"Ce ne serait pas simplement une erreur économique, ce serait une faute politique parce que ça affaiblirait toute l'industrie européenne face à la Chine", a-t-il ajouté.

"Ça enverrait le signal, face à une Chine conquérante qui a des moyens qui sont aujourd'hui considérables (...), que l'Europe se divise et se désarme".

Bruno Le Maire souhaite que cette fusion aille jusqu'au bout pour permettre à la nouvelle entité de faire face au géant Chinois CRRC, qui, précise-t-il, a remporté dernièrement presque tous les appels d'offres aux Etats-Unis.

"CRRC fait 230 trains à grande ou très grande vitesse par an, Alstom et Siemens, 35. Le chiffre d'affaires d'Alstom et de Siemens ensemble, c'est la moitié du chiffre d'affaires de CRRC (...) Qu'est-ce qu'on attend pour se réveiller?", a-t-il ajouté.

"Le droit de la concurrence européen est obsolète, c'est un droit de la concurrence qui a été créé au XXe siècle, qui fait face à l'émergence de géants industriels du XXIe siècle et qui ne permet pas à l'Europe de créer ses propres champions industriels".

Des sources proches du dossier ont indiqué au mois de décembre que les deux groupes proposaient de vendre l'une de leurs technologies de train à grande vitesse afin de répondre aux inquiétudes des autorités européennes en matière de concurrence et d'obtenir le feu vert à leur projet.

(Caroline Pailliez, édité par Henri-Pierre André)

Valeurs citées dans l'article : Alstom, Siemens, CRRC Corp Ltd